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La Chine, les algériens et les affaires…
Voyage au cœur de l'Empire du milieu
Publié dans Liberté le 12 - 03 - 2006

L'air est chaud, la température dépasse les 27 degrés à Hong Kong, notre première escale, avant de pénétrer réellement en Chine. Le soleil vient tout juste de disparaître derrière les buildings qui s'illuminent et ressemblent étrangement à ceux des quartiers d'affaires de Londres ou même de New York.
L'empreinte anglaise reste très présente et habite Hong Kong jusqu'aux entrailles. Drôle de mixture entre l'Asie et l'occident : confetti extravagant posé aux confins de la chine du sud, ancienne colonie britannique recédée à la mère patrie chinoise, il y a de cela quelques années. Douze heures et demie d'avion depuis l'aéroport français Roissy—Charles-de-Gaulle et un décalage horaire de sept heures, cela n'est pas sans effet sur nos mines défaites par la fatigue et le manque de sommeil. L'envie de la découverte finit pourtant par l'emporter pour admirer cette cité, animée de jour comme de nuit. Nos hôtes choisissent un restaurant algérien, histoire d'opérer une entrée en douceur dans ce pays si lointain, si différent. Abdellah, patron du restaurant Casbah qui paraît tout à fait à son aise, est tellement fier de nous recevoir et de nous servir de la hrira accompagnée de bourek suivi d'un couscous, sur fond de musique du défunt Dahmane El-Harrachi. Nous sommes à mille lieues des rythmes chaâbi et le périple ne fait que commencer…
Shenzhen : zone économique par excellence
Un simple visa d'entrée, obtenu au bout de quelques heures, et nous pénétrons sans encombres dans la première ville chinoise au Sud.
Shenzhen, à moins d'une heure de Hong Kong, se présente comme une cité tentaculaire de plus de 10 millions d'habitants. Elle se répartit sur une superficie de 2 020km2. Etant à l'embouchure de la rivière des Perles sur la mer de Chine, elle est devenue un important port de commerce et d'échanges avec l'étranger. Shenzhen se présente aujourd'hui comme l'une des zones économiques spéciales de chine. Ses concepteurs voulaient absolument faire de cette ville une copie conforme à la très occidentale Hong Kong, et ils n'en sont pas loin. De notre hôtel, nous surplombons une interminable lignée de gratte-ciel et quelques tours qui ressemblent, au détail près, à celles réalisées en Algérie dans le cadre du logement AADL, ce qui ne manque pas de nous arracher un sourire commenté par “normal, c'est fait par des chinois”. Mais le sourire disparaît aussitôt à l'idée que la similitude s'arrête là…
À la rencontre de notre guide Liza, nous sommes tout de suite sous le charme de ce bout de femme qui, dans un anglais parfait, nous fait aimer son pays de manière si naturelle. Direction le Parc miniaturisé de la chine splendide. Et comme l'indique son nom, ce parc rassemble les quintessences des paysages naturels et des sites culturels et historiques. Une idée ingénieuse pour susciter l'irrésistible envie de découvrir ce pays de grande civilisation.
Guangzhou : foire de Canton à 8 000 exposants
Avion, métro, train, taxi et pas moins de 200 lignes de bus. Ce ne sont pas les moyens de transport qui manquent pour accéder à cette ville, distante de plus de 200 km de Shenzhen. Fraîchement débarqués à Guangzhou, nous découvrons une cité moderne avec son enchevêtrement de routes et d'autoroutes dont certaines à voies superposées, ses échangeurs et ses multiples buildings, à la façade de verre, dressés vers le ciel. “Guangzhou compte 11 millions d'habitants”, nous dit-on, nous laissant perplexes. “Mais où sont-ils donc passés”, s'est interrogé chacun de mes compagnons de voyage. Pas d'embouteillage, pas d'enfants qui courent dans les rues, pas de monde dans les cafés ni dans les magasins…du moins jusqu'à 18 heures. Et pour se convaincre de l'extraordinaire vitalité de cette ville, il n'y a pas mieux que de s'engouffrer dans les rues commerçantes du Centre.“La période la plus intéressante pour les hommes d'affaires, venus des quatre coins du monde, c'est vers le 15 avril à l'ouverture de la foire de Canton qui rassemble 8 000 exposants. C'est même deux fois par an que se tient cet impressionnant rendez-vous commercial. On y trouve tout, depuis le dernier cri de la technologie jusqu'au simple masque halloween, en passant par la porcelaine et les objets d'art en jade ou en ivoire sculptés. Elle a été inaugurée en 1957 pour se développer d'année en année jusqu'à devenir une date incontournable pour les hommes d'affaires du monde entier”, raconte Hafid, médecin de formation et qui a bien voulu nous servir de guide à l'occasion.
Une aubaine pour les affaires
Les algériens ont choisi toutefois de s'y établir en flairant le bon filon. C'est même une aubaine pour les affaires. Certains importateurs sont, même, friands du produit chinois sans aucune attention pour la qualité. Ce n'est pas un hasard si la Chine est taxée “pays de la contrefaçon”.
“Il s'agit de copie conforme”, corrige Funny, interprète chinoise au compte de l'entreprise algérienne Premier Asia Overseas Limited qui évolue à Guangzhou.
“C'est notre façon de rendre hommage au génie des autres”, soutient-elle. C'est dire que les descendants de Confucius vont loin dans leur philosophie.
C'est pourtant ainsi que la Chine a décidé de s'ouvrir au monde. Elle opte en premier lieu par rapatrier sa diaspora en lui offrant toutes les facilités pour opérer un retour réussi. L'Empire du Milieu ne s'arrête pas là. L'argent n'a pas d'odeur. Toutes les nationalités sont admises. Les algériens ne sont pas en reste et arrivent à se frayer une place non négligeable.
“China today”, bénéficie de l'insertion croissante d'un pays fortifié par les échanges internationaux. Les multinationales demeurent d'ailleurs l'incarnation par excellence de cette mondialisation.
Un étranger en chine peut s'installer et acquérir facilement des tours ou des bureaux dans les buildings sis dans les quartiers les plus réputés pour les affaires, à l'exemple de Citic Plaza. C'est justement là que Premier Asia Overseas Limited, géré par M. Mohamed Ziad, a élu domicile au 25e étage parmi les 83 qui existent. Ce bureau d'affaires et de consulting, appartenant à M. Benzina Noureddine et dont la société mère se trouve à Hong Kong, permet une meilleure organisation aux algériens autant pour les chinois de plus en plus intéressés par l'Algérie et les autres pays arabes. À la tête de World Networks Solutions (WNS), une société de droit algérien présente également en chine, spécialisée dans la distribution de solutions pour le paiement électronique tous supports confondus, M. Benzina prône l'émergence d'une nouvelle race d'hommes d'affaires algériens. WNS est représentant d'Hypercom-STS, leader mondial dans la fabrication dans la fabrication des terminaux et Paybox, leader mondial également dans le paiement intelligent et GSM.
“Le nouveau venu a toutes les chances de réussir à Guangzhou où il existe un système bancaire très performant et une fiscalité quasi inexistante”, explique M. Benzina pour raconter cette région qui compte un volume de transactions impressionnant. “Guangzhou est la capitale du Guangdong qui représente 45% de la production de toute la chine avec un port qui gère un quart du commerce extérieur du pays”, dit-il en signalant la disponibilité des raffineries de sucre, l'industrie du textile, la sidérurgie, les papeteries, les cimenteries, les manufactures d'engrais, la construction automobile, la chimie, les machines outils qui fournissent l'essentiel du revenu de la ville. Celle-ci compte aussi un marché agricole (fruits et céréales) et un centre d'artisanat.
Les Algériens de plus en plus nombreux
“La Chine permet et encourage tout investissement sur son sol”, précise le responsable de l'entreprise algérienne, indiquant qu'il suffit d'avoir les 30% du montant du projet pour que la banque procure le reste de l'investissement qui ne peut que conforter la politique du pays. L'échéance des remboursements se fait de manière très confortable de façon à donner l'occasion au promoteur de progresser dans des projets, notamment dans les domaines de l'immobilier, des usines ou tout ce qui relève de l'industrie. Mais toute propriété est recédée à l'Etat au bout de 70 ans, non sans amortir l'investissement en plus d'autres compensations. Le bien récupéré est généralement détruit pour donner lieu à de nouvelles réalisations.
C'est en passant par les frontières entre Hong Kong et Shenzhen que nous avons rencontré un compatriote de Kouba. Habitué du trajet, Djamel se présente fièrement : métier, importateur.
“Mes compagnons et moi-même avons l'habitude de nous associer pour acheminer un conteneur via une agence de Dubaï”, confie-t-il non sans nous livrer que pareilles transactions ne sont toujours pas très légales et passent, consciemment ou inconsciemment, entre les filets de la douane algérienne. “Il nous faut nous débrouiller comme on peut pour pouvoir faire face à la concurrence. Les Chinois eux–mêmes investissent le marché algérien, et vous verrez ; bientôt ils ne laisseront aucune chance à la production locale”, poursuit notre interlocuteur pressé de regagner Guangzhou pour rejoindre les autres.
Une forme de compétition que M. Benzina récuse, soutenant qu'elle peut générer de mauvais effets sur le marché et le consommateur algériens.
“Les Algériens doivent s'organiser de façon à se présenter comme des partenaires d'affaires solvables, d'une part. Ils devraient ensuite se prémunir pour ne pas être arnaqués par certains commerçants véreux qui pourraient nous vendre des produits non conformes aux normes internationales, d'autre part. Il ne faut pas que l'Algérie devienne une poubelle pour les produits refoulés d'ailleurs ou de mauvaises qualités qui peuvent être à la fois dangereux pour le consommateur (jouets par exemple) ou pour l'environnement”, avertit M. Benzina, précisant que les opportunités ne manquent pas sans avoir, pour autant, à recourir à des procédés peu orthodoxes.
Un matin très tôt, nous nous sommes promenés dans le parc de Guangzhou au bord de l'île de Shaiman, à quelques encablures de l'hôtel White Swan où nous étions logés. Le parc fait office d'un véritable havre de paix où se côtoient vieille et jeune générations. Certains jouent, d'autres flânent, lisent, papotent ou dansent sans gêner ceux qui méditent. Laissant l'agitation au centre de Guangzhou, au marché dans Beijing lu (avenue).
Mais si la Chine est mère de multiples inventions, il semble que c'est dans la cuisine qu'elle a eu le plus d'imagination.
“Les Chinois mangent tout ce qui vole sauf les avions, tout ce qui flotte hormis les bateaux et tout ce qui a des pieds en dehors des tables et des chaises”, nous dit Firaz, le Palestinien rencontré à Guangzhou. La cuisine chinoise est pourtant réputée pour être l'une des plus raffinées au monde. La cuisine contonaise de Guangzhou privilégie la cuisson à la vapeur, les préparations bouillies ou sautées et compte parmi ses spécialités le dim-sum, la soupe de serpent, le ragoût de chien, le rat ou le hibou et la cervelle du singe qui reste réservée aux plus nantis.
Ce qui n'est pas du tout facile à digérer pour nous autres qui avons trouvé refuge dans les restaus libanais et syriens. À l'image du restau Shami House, ces établissements de plus en plus en vogue poussent comme des champignons et permettent aux Arabes et aux Africains de tisser des liens à l'occasion.
Très peu de Chinois se risquent à fréquenter les lieux demeurant, en toute circonstance, très attachés à leur art culinaire tout comme pour le reste de leurs traditions. Loin d'ailleurs des mouvements altermondialistes occidentaux, la société chinoise reste très attachée à l'Etat nation avec une touche de conservatisme ressentie, notamment au niveau des médias. L'accès à la parabole pour la population, très récente d'ailleurs, reste soumis à autorisation. L'armée des cybersenceurs demeure à son tour très active, pour les plus de 78 millions d'internautes. La majorité des Chinois athées, pour la plupart, sont également soumis à un contrôle de maternité très strict de façon à n'avoir droit qu'à un seul enfant par famille. Ils sont plus d'un milliard 300 millions aujourd'hui…
Dix jours et puis s'en vont. C'est dans le bruissement et l'agitation perpétuelle de la ville magnifique de Hong Kong que nous achevons notre périple. Douze petites heures d'avion allaient nous ramener au point de départ de notre voyage. “Si la Chine est fascinante, Pékin, baptisée Beijing, est la clé de ce mystère”, nous dit-on en signalant, au passage, que c'est là que doivent se tenir les Jeux olympiques en 2008. Nous étions tout à fait au sud, et donc si loin de la Cité interdite et de la muraille de Chine, l'une des merveilles du monde. Nous rentrons les souvenirs plein la tête, mais non sans le goût d'inachevé…
N. S.


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