Entre vacances estivales, Ramadhan, rentrée scolaire et Aïd, le citoyen algérien ne sait plus où donner de la tête. La priorité devient de plus en plus difficile à déterminer depuis que les dépenses indispensables se donnent rendez-vous à la même période de l'année. Certaines familles ont sacrifié les sorties en bord de mer afin de pouvoir joindre les deux bouts pendant Ramadhan. D'autres, par contre, ont préféré profiter du soleil et se serrer la ceinture pendant le mois sacré. Youcef M., un employé dans la Fonction publique, appréhende cette période chaque année. Il nous confie que bien que son épouse travaille aussi, il leur arrive de s'endetter pour contenter leurs enfants pendant l'été. «Le budget dégagé pour les articles scolaires est celui de Ramadhan ne sont pas à négliger. Les sorties à la plage me revenaient en moyenne 1000 DA la journée ou ont été parfois annulées ou réduites», témoigne ce père de quatre enfants. Ce genre de frustration est vécu par nombre d'Algériens, particulièrement en cette période de l'année, où tous les prix affichés flambent. Wassila S., une jeune mère de trois enfants, a préféré cependant les temps de détente passés avec sa famille sur le sable doré. «Je ne suis pas encore concernée par les articles scolaires, du moment que mes enfants sont en bas âge. Quant au Ramadhan, je me débrouille comme je le fait chaque année», nous confie cette jeune femme. Elle entend par «se débrouiller», ne pas faire de folies. «Je ne suis pas obligé de varier les plats. Les salades sont excellentes pour l'été», ajoute-t-elle en souriant. Wassila parle de salade, un plat léger certes, mais coûteux à la fois pour certaines ménagères. Quand on voit que la tomate dépasse les 80 DA, les haricots verts sont à 120 DA et les poivrons à 90 DA, l'on se demande quels ingrédients choisir pour notre salade économique. Quand bien même il n'y a pas que les légumes dont les prix sont intouchables. Les plats traditionnels deviennent un luxe pendant le Ramadhan vu que le prix des fruits secs et des amandes dépasse les 500 DA le kilo, sans parler du blé concassé (frik), cet ingrédient indispensable pour la chorba (soupe traditionnelle) qui ne coûte pas moins de 200 DA le kilo. Avec des prix pareils, quels genres d'économies pourrait-on faire durant le mois sacré ? Inutile de s'étaler sur les prix des articles scolaires. Et encore, il est probable que les prix augmentent à partir du mois de septembre. Un tour dans un magasin spécialisé nous a révélé des prix exorbitants. Un cahier – soi-disant – de marque française coûte 230 DA, un taille-crayon 70 DA. L'on peut imaginer un père de quatre enfants qui doit fournir à chacun une douzaine de cahiers au moins, sans compter les autres fournitures scolaires. L'Aïd est de la partie aussi Autant l'achat des habits de l'Aïd peut être un bonheur pour certains parents, autant il peut être une frustration et un vrai malaise pour les autres. Ghalia N., une femme au foyer et mère de deux enfants et dont le mari est agent de sécurité dans une boîte privée, nous explique qu'il lui arrive de ne pas tout acheter à ses deux filles. «Je me contente de leur acheter des robes seulement. Et je leur explique que je leur offrirai des chaussures la prochaine fois», témoigne-t-elle, ajoutant qu'il lui arrive également d'acheter au marché aux puces. «Je suis souvent frustrée de voir mes filles me regarder avec leurs yeux qui me reprochent cette ‘‘ration'' dans les vêtements, alors que leurs copines sont habillées de la tête aux pieds de belles choses toutes neuves», conclut-elle. Une confidence pareille nous laisse perplexes et méditatifs quant au mode de vie que nous aurons dans quelques années, vu la cherté de la vie.