De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Il était une fois trois événements que les citoyens, grands et petits, riches et pauvres, attendaient avec plaisir et impatience. Trois occasions de fête et de réjouissance qui venaient séparément égayer les foyers des Algériens. Pour cette année 2008, le chevauchement entre différents calendriers en vigueur dans notre pays a fait que ces trois événements, mois de Ramadhan, Aïd El Fitr et la rentrée scolaire, arrivent à la même période, c'est-à-dire durant le mois de septembre. Sauf qu'entre-temps, l'attitude des citoyens, particulièrement les petites bourses, à l'égard de ces «fêtes» a changé et de façon radicale. C'est qu'au fil du temps, et la crise économique aidant, ces heureux événements sont devenus synonymes de dépenses et de saignements budgétaires pour les foyers. Après une saison estivale qui a déjà entamé le budget des familles, il est tout à fait normal que celles-ci ressentent une grosse boule d'angoisse à l'approche de ces trois fêtes qui se sont donné rendez-vous presque au même moment. «Pour cette année, ce sera la galère pour beaucoup de familles», disent beaucoup de citoyens interrogés sur la question à Tizi Ouzou, eux qui disent ne pas savoir à quel saint se vouer, en cette période fort difficile. Tout le monde fait des calculs monstres pour pouvoir s'en sortir sans dégâts, entre l'achat nécessaire de nourriture, d'articles scolaires et de vêtements. La flambée des prix des produits alimentaires, mais aussi des produits manufacturiers, n'est pas faite pour arranger la situation des citoyens qui souffrent déjà du malvivre, sans que «trois fêtes viennent s'unir contre des salaires de misère». «En fait, ce sont trois galères pour une misère», résume avec un brin de sarcasme, l'un des interviewés qui ne semble pas avoir perdu son sens de l'humour. Heureusement qu'il reste encore cet humour légendaire des Algériens, face à une situation de plus en plus dure pour une majorité ; beaucoup se donnent la mort ou sombrent dans des dépressions. Les autorités semblent désarmées devant cette situation qui, à force de mettre à nu les contradictions, semble plus proche du burlesque que du dramatique. Combien de mesures ont été annoncées et qui n'ont rien donné de concret à la poche des chefs des famille nécessiteuses, contraints de vivre et de faire vivre leurs enfants au rythme des actions du département de Djamel Ould Abbas, le ministre de la Solidarité nationale, et celles du Croissant-Rouge algérien ? A Tizi Ouzou, si les citoyens attendent toujours des actions de la part de l'Etat pour améliorer leur situation, ils ne se disent plus étonnés par la non-tenue de promesses ou le non-aboutissement des actions des pouvoirs publics, ayant perdu toute confiance. Aujourd'hui, à la veille du début du mois de Ramadhan, la population de la wilaya de Tizi Ouzou, comme certainement celle des autres wilayas du pays, se contentera de retenir son souffle et d'encaisser le coup, avec l'aide de quelques combinaisons afin de surmonter cette énième épreuve socio-économique.