L'origine de la présence humaine à l'emplacement de Laghouat remonte à la nuit des temps. Un oued arrosant des terres fertiles au milieu d'une zone aride, des collines faciles à défendre, un des passages obligés pour les caravanes qui vont de l'Afrique noire à la Méditerranée. Rien de tout cela n'a pu échapper à des hommes en quête de sécurité et de moyens de subsistance dans le milieu hostile qu'est le Sahara. S'il n'existe pas d'archives ou de certitudes, nous trouvons néanmoins dans cette région comme dans toute l'Algérie des vestiges préhistoriques ainsi que des ruines attribuées aux passages de civilisations en milieu berbère, notamment les Romains et les Arabes. Gravures rupestres et tumulus attestent de foyers d'une vie préhistorique qui s'était répandue sur presque l'ensemble de la région. Toutefois, la date à laquelle fut fondée la ville de Laghouat demeure encore imprécise. On sait seulement qu'elle constituait un des points extrêmes de l'ancienne Gétulie, et que les Maghraoua, tribu berbère fuyant la tyrannie et les exactions, y trouvèrent refuge. Laghouat, El Aghouat ou El Arouat, selon les transcriptions latines utilisées à différentes époques de l'histoire de cette ville, est une appellation poétique qui tire son origine de la nature et de la configuration même de la région. Elle signifie tout à la fois : «Maisons entourées de jardins», «oued», «oasis». L'exemple était donné, d'autres tribus, produits de la migration de diverses régions, s'établirent aussi près du fleuve sacré par le bonheur de l'eau qu'il accordait à tout nomade, par la végétation qui invitait à la vie sédentaire. C'est ainsi que les Ouled Bouras, venus de Biskra, créèrent le village de Bou Mendala, que les Ouled Bouziane formèrent les villages de Medjel et de Sidi Mimoun, et que des émigrants de la tribu des Ouled Youssef, originaires du M'zab, établirent les villages de Bedlah et de Kasbet Ben Fetah. Au pluriel de ghaout fut ajouté l'article el. El-Aghouat, c'est-à-dire la réunion de maisons entourées de jardins, a été fondée grâce à Sidi El Hadj Aïssa vers 1700. Des tribus errantes, indique la tradition de ce pays, celles des Ouled Salem, des Beddara, des Ouled Sekhal, des Ouled Zid, trouvèrent propices les bords de l'oued Djdi. Ensemble, elles bâtirent un village auquel fut donné le nom de Ben Bouta. Dans cette région du désert, l'islam apparaît plus intrépide et plus actif que le génie et le courage de Rome, il pénètre dans l'abîme où n'osèrent s'enfoncer les plus hautains conquérants. Au cinquième siècle de l'hégire (dixième siècle), des portions de la grande tribu des Beni Hilal y élirent définitivement domicile. Primitivement, et jusqu'à une date assez récente, Laghouat se trouvait formée par un agrégat de ksour. Par la suite, un rempart cernant l'oasis des quatre côtés fut exhaussé pour se prémunir contre les razzias et les attaques menées par d'autres tribus. El Ayachi, historien et grand voyageur maghrébin, mentionne dans sa Rihla l'existence de ce rempart en 1663. Deux dates importantes de l'histoire de Laghouat 1368 : Le sultan Abou Hammou, de la dynastie abdelouadite, chassé par le sultan mérinide de Fès, rallia ses partisans à Laghouat avant de se retirer dans le M'zab. 1698 : Le marabout Sidi Hadj Aïssa (mort en 1737), patron de la ville, s'établit à Laghouat. Né à Tlemcen en 1668, réputé pour sa piété et les multiples faveurs qu'il tenait de Dieu, et ayant l'ambition de faire des prosélytes, alla d'abord à Oran se recueillir et s'instruire parmi les maîtres les plus célèbres pour leur savoir. Il décida ensuite de convertir les populations sahariennes, descendit vers le sud, séjourna quelque temps parmi les Harrar et s'établit, en 1698, à Ben Bouta. Il s'appliqua à rendre meilleurs les habitants de ce ksar et, pour qu'ils n'eussent plus rien à craindre de l'envahissement des nomades, il fit entourer Ben Bouta de murs épais. L'influence d'El Hadj Aïssa ne tarda pas à s'étendre hors de cette enceinte, et c'est lui que les gens de Bou Mendala, de Medjal, de Sidi Mimoun vinrent consulter. Mais la nouvelle ville était inquiète à cause des menées parfois sanglantes de l'oasis voisine, El Assafia, jalouse de son extension. Les habitants des anciens villages eurent donc encore une fois recours à El Hadj Aïssa, à qui ils demandèrent, contre la promesse d'un don d'argent, de les débarrasser de leurs dangereux rivaux. El Hadj Aïssa se contenta simplement de leur montrer l'exemple de Ben Bouta. Les villages ennemis n'avaient qu'à oublier leurs querelles intestines et à se rapprocher les uns des autres pour opposer un front commun aux pillards. Enterré parmi les siens El Hadj Aïssa fut enseveli sur un mamelon qui domine Laghouat, et sa kobba devint, dès cette heure, l'objet d'une vénération. El Hadj Aïssa peut dormir en paix, sa ville lui survit, toujours fidèle à son souvenir. Alors qu'il avait, dans un jour de colère, demandé à Dieu de préserver sa dépouille mortelle du contact des cadavres de Laghouat, son amour pour sa ville faisait qu'il y était enseveli comme il avait si souvent souhaité.