Sur 8 147 000 élèves qui rejoindront l'école cette année, 3 millions, soit 45%, bénéficieront gratuitement du livre scolaire et d'une prime de scolarité de 3000 DA.Ces chiffres, communiqués par le ministre de l'Education nationale, lèvent le voile sur l'ampleur de la pauvreté qui frappe les élèves algériens. A l'occasion de la rentrée scolaire, la prime de scolarité octroyée par l'Etat aux élèves issus de familles démunies passera de 2000 à 3000 DA. Ainsi, une enveloppe financière de 9 milliards de dinars est dégagée pour la partager sur 3 millions d'élèves. De son côté, le ministère de la Solidarité nationale distribuera 500 000 tabliers et autant de trousseaux à cette catégorie sociale. Ces gestes de «solidarité» à eux seuls renseignent sur les proportions que prend le fléau de la pauvreté dans le milieu scolaire. Ainsi, les chiffres annoncés par le département de Boubekeur Benbouzid contredisent les déclarations de certains responsables, qui sont allés jusqu'à nier l'existence de la pauvreté dans notre pays. Aujourd'hui, il suffit de voir le nombre d'enfants qui travaillent pour subvenir aux besoins de leurs familles, et le nombre de vols quotidiens dans nos rues pour se rendre compte que la pauvreté a atteint un degré de gravité qui confine au désespoir. Contacté hier, le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), Mustapha Khiati, auteur de plusieurs études sur tous les fléaux qui touchent la société, affirme que la pauvreté en Algérie est structurelle et qu'elle touche beaucoup d'enfants. Pour preuve, explique notre interlocuteur, la suppression des cantines scolaires dans les années 1990 a entraîné la déperdition scolaire. Une telle mesure a montré que les parents sont incapables de prendre en charge la restauration de leurs enfants. Ces derniers, ne pouvant plus supporter leurs conditions de vie, étaient contraints à déserter les bancs d'écoles. «Si l'Algérie a recensé 3 millions d'élèves qui sont dans le besoin, cela prouve simplement que la subvention de l'Etat couvre à peine les frais du livre scolaire», regrette M. Khiati. Soulignant que l'élève n'a pas besoin seulement d'être nourri, mais d'un trousseau scolaire et d'une assurance, notre interlocuteur affirme qu'un enfant «coûte» annuellement 10 000 DA en termes de frais scolaires. Par ailleurs, notre source indique que le travail des enfants prouve que la pauvreté dans le milieu scolaire est une réalité que personne ne peut fuir. Concernant les solutions que l'Etat doit apporter pour diminuer du fléau, le professeur Khiati préconise une identification des élèves touchés pour avoir leur nombre exact, ainsi que la revalorisation de l'action sociale.