Gordon Brown a tout intérêt à bien construire son plan de défense, ils sont de plus en plus de Britanniques à avoir perdu confiance en lui. Surtout depuis que Jack Straw, son garde des sceaux, a vendu la mèche et le détonateur avec. Il a reconnu que les intérêts commerciaux ont joué un très grand rôle dans la libération de l'ex-agent secret libyen, ce héros sur la passerelle. Pourtant, le gouvernement du Royaume-Uni s'était borné à avancer le geste humanitaire comme élément incitateur aux pressions qu'il aurait pu exercer sur l'Ecosse. Mais comme un malheureux n'arrive jamais seul, Gordon Brown a dû reprendre tout son lexique juridique pour plaider sa cause devant Dieu et les lords. Parce qu'en plus d'avoir bu le brut libyen jusqu'à la lie, dans l'affaire d'El Megrahi, il a été contraint de clarifier dans l'urgence la position de Londres à propos d'une toute autre affaire. Ce, après que deux lettres ont révélé le refus de son gouvernement d'intervenir l'an dernier dans un différend opposant la Jamahiriya libyenne, accusée d'avoir fourni des quantités astronomiques d'explosifs à l'IRA, à des familles des victimes d'attentats. Que celles-ci ne comprennent pas de travers ce qu'elles pensent être la stricte vérité. Car le choix de la Grande-Bretagne de ne pas réclamer de compensations (contrairement à ce qui s'est fait aux Etats-Unis) n'a pas été motivé par la volonté de protéger des contrats commerciaux ou financiers. Si Brown a choisi de rester à l'écart c'est uniquement dans le but de maintenir la coopération politique de l'ancien «Etat voyou» au même niveau qu'au temps de Tony Blair que l'invasion de l'Irak n'a pu éjecter du 10, Downing Street. Son successeur aura-t-il la carapace aussi dure pour ne pas sombrer avant la dernière partie de cette saga à l'anglaise ?Il devra s'armer d'un blindage hors normes, les sujets de Sa Majesté ne vont pas être aussi généreux que Ben Laden qui promet un cadeau explosif au monde musulman et par lequel il enterrerait à jamais ledit dialogue des civilisations. Gordon Brown va devoir se mettre dans la peau d'un boxeur qui encaisse sans montrer le moindre signe de fléchissement. Puisqu'il aura également à s'expliquer sur le maintien des troupes britanniques en Afghanistan autant de fois que le peuple et les lords le lui réclameront. Le nombre de décès dans les rangs de l'Isaf étant le plus effrayant côté britannique, il prend le risque de se retrouver très vite à court d'arguments. A moins que la nouvelle stratégie que recherche encore l'Otan soit fin prête pour la conférence sur l'Afghanistan que Brown et Merkel ont souhaité côte-à-côte à Berlin. Mais une conférence pourquoi faire au juste ? Soutenir Hamid Karzaï qui a pris de l'avance au fil du dépouillement des bulletins de vote de la dernière présidentielle et qui jure de ne pas être la marionnette des Etats-Unis ? Ou soulager une opinion publique européenne complètement désillusionnée un peu plus à chaque rapatriement de soldats morts ? Dans London Follies, Gordon Brown ne peut que perdre la tête, la Libye des Kadhafi a dit non aux compensations financières aux victimes des attentats de l'ex-Armée républicaine irlandaise.