Le commerce et un accord d'exploration de pétrole entre la compagnie BP et la Libye ont contribué à faciliter la libération de l'agent libyen El-Megrahi, a affirmé le ministre de la Justice Jack Straw, désavouant totalement son chef de gouvernement qui indiquait la veille que cette affaire n'avait rien à voir avec des raisons commerciales. Londres ne sait plus sur quel pied danser dans cette affaire de libération de l'agent libyen, condamné dans l'affaire de Lockerbie. Intervenant au lendemain des déclarations du Premier ministre britannique, lequel avait formellement démenti les révélations de Seif-al-Islam Kadhafi affirmant qu'Abdelbasset El-Megrahi a été libéré dans le cadre des relations commerciales entre Londres et Tripoli, le ministre de la Justice anglais, Jack Straw, a admis la version du fils de Mouammar Kadhafi sans y faire référence. En effet, la Grande-Bretagne a reconnu que la libération du Libyen Abdelbasset al-Megrahi avait été motivée pour “une très grande part” par des intérêts commerciaux. Dans des déclarations faites au quotidien Daily Telegraph d'hier, Jack Straw a révélé que le commerce et un accord d'exploration de pétrole, entre la compagnie BP et la Libye, avaient contribué au transfèrement du libyen vers Tripoli. Sans ambages, le ministre de la Justice britannique répondra à la question de savoir si des enjeux commerciaux et le pétrole faisaient partie des tractations : “Oui, pour une très grande part. J'en suis convaincu (...) La Libye était un Etat voyou. On voulait la faire rentrer dans le rang.” Ces révélations de Jack Straw sont en opposition avec le démenti fait la veille par le groupe pétrolier britann ique BP, qui avait assuré n'avoir pas fait campagne pour la libération du Libyen, tout en admettant toutefois avoir plaidé pour une rapide signature d'un accord de transfert de prisonniers entre Londres et la Libye. Un porte-parole du groupe a affirmé que “BP a attiré l'attention du gouvernement britannique fin 2007 sur nos préoccupations à propos de la lente progression des négociations d'un accord de transfert de prisonniers avec la Libye”. Il a également précisé : “Comme beaucoup d'autres, nous savions qu'un retard pourrait avoir des conséquences néfastes pour les intérêts commerciaux britanniques, y compris pour la signature d'un accord d'exploration de BP”, tout en soulignant : “Cependant, en exposant cette position au gouvernement, nous n'avons pas évoqué le cas al-Megrahi car nous étions totalement conscients qu'il était uniquement du ressort de l'exécutif écossais et pas des autorités britanniques.” Pour rappel, le journal britannique Times avait affirmé que le géant du pétrole a fait campagne auprès du ministre britannique de la Justice, Jack Straw en 2007, peu de temps avant que ce dernier ne renonce à son intention d'exclure al-Megrahi de l'accord de transfert de prisonniers (PTA) alors en discussions entre Londres et Tripoli. Le journal a notamment écrit que Jack Straw “a pris deux appels téléphoniques de Sir Mark Allen, un ancien agent du MI6 (service britannique de renseignements extérieurs, ndlr), qui travaillait à l'époque comme conseiller de BP, les 15 octobre et 9 novembre 2007”. La même source ajoute que les discussions entre Londres et Tripoli ont été bloquées pendant six mois car Jack Straw tentait d'obtenir qu'al-Megrahi, seule personne condamnée pour l'attentat de 1988, soit exclu de l'accord. Mais le 19 décembre 2007, M. Straw avait informé le ministre écossais de la Justice Kenny MacAskill qu'il n'était pas parvenu à obtenir satisfaction.