Tirant rapidement les leçons de la cuisante défaite du Labour aux élections locales, Tony Blair tout en balayant devant sa porte semble affirmer: «J'y suis, j'y reste.» Tony Blair, le Premier ministre britannique se voit contraint à tirer le diable par la queue, résultat d'une direction chaotique des affaires ces derniers mois dont les premières retombées ont été la sévère défaite du Labour aux élections locales de vendredi. Affaibli et aux abois, Tony Blair, dans une tentative désespérée de restaurer son autorité, a procédé vendredi, sans attendre les résultats officiels, au plus important remaniement ministériel depuis neuf ans qu'il est installé au 10 Downing Street (siège du Premier ministère). Cette bourrasque a emporté dans son passage plusieurs ténors du gouvernement Blair, comme le ministre des Affaires étrangères Jack Straw, désigné à un poste subalterne, même si le suivi de l'agenda législatif du gouvernement à la chambre des communes, peut donner à M.Straw de rebondir. Jack Straw est remplacé au Foreign Office par Mme Margaret Beckett, anciennement titulaire du portefeuille de l'Environnement, l'une des fidèles de M.Blair. De fait, Tony Blair, semble avoir fait le ménage en éliminant tous ceux susceptibles de faire le jeu de Gordon Brown, Chancelier de l'Echiquier (ministre des Finances) qui conteste la politique du Premier ministre de même que son poste à la tête du Parti travailliste. En nommant aux postes-clés du gouvernement les fidèles parmi ses fidèles, Tony Blair veut surtout assurer ses arrières alors que plusieurs voix dans les rangs travaillistes demandent son départ, ou à défaut, de fixer une date pour son départ, alors qu'il y a à peine une année Tony Blair - quoique sa politique irakienne n'est pas agréée par tous, et souvent désavouée par de nombreux «barons» du Labour et l'opinion publique -se faisait réélire triomphalement. Mais c'est encore les «erreurs» de gestion des affaires et de scandales ponctués par une série de faux-pas de son gouvernement qui ont délité l'équipe ministérielle de Tony Blair. L'un des premiers qui a fait les frais du «redressement» effectué par Tony Blair a été le ministre de l'Intérieur Charle Clark, renvoyé sans ménagement pour «incompétence». De fait, Charle Clark se trouve embarrassé depuis deux semaines par une controverse sur le sort de 1023 ex-détenus étrangers. Ces derniers qui devaient être expulsés après avoir purgé leur peine ont disparu dans la nature après que l'administration ait omis de faire le suivi de leur cas. Par ailleurs, le vice-Premier ministre John Prescott a été déchargé de toute responsabilité, même s'il garde son salaire et les avantages y afférents. M.Prescott est pour sa part englué dans une affaire scabreuse après avoir reconnu avoir une liaison avec sa secrétaire. John Prescott est ainsi devenu la risée de la presse britannique avec la divulgation d'une liaison extra-conjugale. De fait, le gouvernement de Tony Blair se désagrégeait peu à peu et le remaniement en profondeur qu'a initié le Premier ministre semble un pis aller et n'avoir pour objectif que de sauver ce qui peut l'être face à une opinion publique excédée. Résumant le sentiment général à Londres, le quotidien Daily Mail (droite) écrivait hier «ce remaniement n'est pas cohérent. C'est le coup désespéré d'un politicien lançant un va-tout tâchant de sauver sa propre peau (...). Il sacrifie les autres. Mais s'il veut juger le véritable échec de son gouvernement il n'a qu'à se regarder dans le miroir». Dès lors, la défaite de vendredi du Labour est la défaite de trop pour un politicien qui semble avoir perdu de vue, de longue date, le travail collégial qui faisait la force des travaillistes britanniques. Il en a largement donné la preuve dans l'affaire de l'invasion de l'Irak, lorsque Tony Blair a fait cavalier seul suivant le président américain dans ses décisions, même les plus insensées, n'écoutant pas les conseils de «raison garder» de ses amis politiques. Ce qui lui valut parmi les médias londoniens le surnom de ‘'caniche'' de Bush. C'est tout dire! Mais les ‘'affaires'' qui minent son gouvernement l'ont considérablement affaibli tant à l'intérieur du parti qu'auprès de l'opinion publique en général, au moment où, au sein du Labour, la cote de Gordon Brown, ne cesse de monter. Dans la perspective justement de barrer la route à M.Brown, Tony Blair a verrouillé la direction du Labour en nommant une fidèle, Hazel Blears, à la tête du Parti travailliste avec mission d'en «revoir aussi bien les branches que les racines». De fait, la nomination de Mme Blears fait suite à la déclaration de M.Brown suite au remaniement ministériel. Le chancelier de l'Echiquier, assuré de succéder à Tony Blair à la tête du parti, à lancé un avertissement en indiquant que «le renouveau du parti travailliste devait commencer immédiatement». Selon les médias britanniques, M. Blair et Brown devaient se rencontrer ce week-end.