Mokrane Agaoua, de son vrai nom Ouali Mohand Amokrane, a tiré sa révérence. Il est décédé hier matin à un âge qui avoisine 83 ans, en son domicile dans son village natal, Ath Atteli, dans la commune de Larbâa Nath Irathen, au sud est de Tizi Ouzou. Mokrane Agaoua dont le génie n'est plus à démontrer a eu une carrière longue et riche à la fois. Durant les années 1950, il s'était déjà frotté au maître incontesté de tous les temps de la musique andalouse, cheikh Sadek Abdjaoui, et Abdelwahab Abdjaoui à la station régionale Radio Bougie. Après la fermeture de cette radio en 1962, Mokrane Agaoua a intégré le secteur du tourisme en tant que gérant dans de nombreuses stations touristiques, avant de décrocher au début des années 1970 et de retrouver de nouveau sa première passion, la radio. Ce retour sera une nouvelle fois de courte durée. Ceci avant de se lancer dans le chant traditionnel kabyle et religieux. Véritable jardinier du vocabulaire, il a fouillé le verbe tout au long de sa carrière durant laquelle il a enregistré onze albums au total. Mokrane Agaoua était surtout connu pour ses chants religieux, lui qui a fréquenté la zaouïa de Sidi Amar Oulhadj de Bouzguène des années durant. Nombre de ses œuvres, notamment les chants cantiques sont fredonnés un peu partout dans les villages kabyles en des occasions comme l'achoura, le mawlid ennabaoui, etc. Sa production la plus connue reste sans conteste celle composée vers la moitié des années 1950, Larvâa Nath Irathen a thin mouzzin lesswar. Malade durant ces dernières années, ses apparitions en public se faisaient de plus en plus rares. C'est toute la culture kabyle, dans ses différentes expressions artistiques, qui vient de perdre un pilier. Il sera enterré aujourd'hui au cimetière de son village natal, Ath Atteli.