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El Oued, l'arrivée des Arabes rime avec celle de l'islam
Publié dans Le Temps d'Algérie le 13 - 09 - 2009

Comme tout le Sahara, Oued Souf a été habité depuis des temps immémoriaux. Il est certain que des populations se sont déplacées ici et là à travers les âges, des vestiges trouvés dans la région en sont la preuve. Puis la région a continué à se développer grâce à l'arrivée de nomades venant principalement de Libye et d'Ethiopie.
Ces déplacements incessants ont duré plusieurs siècles, les nomades remontant au nord du Sahara pour chercher des pâturages pour leur cheptel l'hiver venu. Mais une hypothèse prouverai que le Souf fut aussi visité par des populations non nomades venant d'occident, comme peuvent le prouver des pièces de monnaies retrouvées dans plusieurs communes venant de la Rome antique et de Turquie à l'époque des Almohades et des Almoravides.
Mais il reste toutefois acquis que le nomadisme fut la principale réalité dans la région. Ces nomades étaient des tribus berbères dont la plus importante était les Zenatas. Leurs lieux de vie correspondaient aux vieilles communes que sont Z'goum, Guemar et El Oued.
Puis vint la propagation de l'islam et l'arrivée des Adouans, d'origine yéménite.
D'après une thèse, les habitants originaux d'El Oued seraient venus du Yémen il y a environ 5 siècles. C'est non seulement l'arrivée des Arabes mais également celui de l'islam dans la région (la vieille mosquée de Z'goum date d'ailleurs de cette époque). Puis une troupe de nomades vint également s'installer à El Oued autour de 1051, il s'agit des Beni Hilal (les Hilaliens). Ces derniers stoppèrent petit à petit leur semi-sédentarité afin de s'installer définitivement.
Une grande lassitude, la disparition progressive du cheptel à cause des maladies, mais surtout l'attraction exercée par la culture des dattes sont les raisons de cette implantation. En effet, à condition de la creuser, chacun pouvait avoir sa propre palmeraie.
Ainsi est né le Souf et les villages qui se mirent à pousser les uns après les autres pour obtenir ce que l'on a aujourd'hui.
Messaoud Echaâbi et le maraboutisme
Le Souf est entièrement musulman depuis le début de la propagation de l'islam. Au départ, vers la fin du 14e siècle, les habitants du Souf se penchèrent vers ce qu'on appelle vulgairement «le maraboutisme». Cette dévotion qui appartient à la confrérie du soufisme est arrivée depuis Tozeur par un certain Messaoud Echaâbi...
Il crée alors la mosquée qui porte encore son nom à El Oued (sidi Messaoud). Le but de ce marabout était de fixer les nomades dans l'islam en leur construisant des mosquées afin qu'ils puissent s'installer autour de celle-ci dans la sédentarité (on trouve encore leurs descendances du côté d'El Oued et Débila). Kouinine était une sorte de «capitale» pour tous ceux qui embrassaient cette voie.
D'autres confréries soufies vinrent ensuite, telles la qadiriya, la rahmaniya ou encore la tidjaniya.
Toutefois, certaines régions ne furent pas touchées par le maraboutisme, telles que Z'goum ou Guemar. Jusqu'à l'arrivée du réformisme (el islah) qui est accueilli avec joie par tous les villages qui sont restés réfractaires dès 1921. Le but de ce mouvement est de purifier la pratique religieuse. Dirigée par des oulémas, ce mouvement va avoir un grand succès autant chez les intellectuels que chez les gens du peuple. Aujourd'hui on peut dire que le Souf est en grande partie «réformiste».
Corrélation entre religion et poésie
Le domaine où transparaît le poids de la religion est aussi celui de la poésie, qui se divise en deux genres, le madh (à caractère religieux) et le fakhr (à caractère épique).
Le madh a connu son essor avec le développement des confréries religieuses dans la région. Des poètes soufis de la moitié du 19e et du début du 20e siècle ont excellé dans ce domaine : on peut citer Ben Touir de Tagzhout, Bendas et Chahla de Kouinine, Aïcha Bent Ali Laouar de Guemar. Plus récemment encore, Si Lhabib ou Baka Touti de Taghzout. Ils ont chanté la sainteté de leurs précepteurs, la grandeur de leur confrérie, leurs sentiments et leurs espoirs mystiques.
Le fakhr est une poésie épique qui vante la bravoure guerrière, le courage, l'héroïsme et l'acceptation des coups du sort. Cette variété est d'implantation plus ancienne et se confond toujours avec les exploits des habitants. Ces deux genres de poèmes (madh et fakhr) sont chantés et appréciés dans tout le Souf, chez les populations sédentaires ou semi-sédentaires.
Contrairement au madh, le noukh est propre au Souf. Le docteur Si Ahmed Nadjah, un soufi, a fait des recherches sur ce sujet. Il conclut au fait que le noukh n'est pratiqué dans aucune autre région d'Algérie ou du monde, à l'exception de la tribu des Soulaïbia, en Syrie.
Enfin au Maroc, le mawwal trouverait ses origines dans la tradition soufie.
Ce sont les nombreuses confréries soufies qui, au cours de leurs échanges entre l'Orient et le Maghreb, auraient élargi le cadre de son interprétation, du chant religieux (inchad) pratiqué lors de leurs cérémonies à la musique arabo-andalouse. Souiri a croisé, un jour, la route de grands maîtres de ce genre musical, comme le célèbre Hadj Abdelkrim Raïs dont il intègre l'orchestre.
Il est aujourd'hui l'un des représentants les plus réputés de cet art né au XIIe siècle en Andalousie, sous l'influence culturelle des différentes communautés qui peuplaient alors la péninsule ibérique : Berbères, Arabes, Africains, Coptes, Andalous.


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