Noureddine Yazid Zerhouni a été auditionné en cette veille de l'Aïd par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, qui a présidé ce samedi une rencontre d'évaluation consacrée au département de l'Intérieur et des Collectivités locales. Du communiqué rendu public via l'agence APS sanctionnant les travaux de cette séance des plus officielles qu'il est question d'un tête-à-tête entre le président et un des membres de l'Exécutif en charge d'un secteur donné, un fait capte d'emblée l'attention des observateurs. Le fait est que pas le moindre mot n'a été textuellement prononcé au sujet de cette ambition nourrie pompeusement par le secteur des collectivités locales quant à doter l'Administration publique d'un nouveau découpage permettant l'émergence de nouvelles représentations au niveau de la base. Une telle observation, quand bien même elle manquerait de pertinence et de poids pour attester que l'idée d'un nouveau découpage est remise aux calendes grecques, il reste que ce projet n'étant pas évoqué avec davantage de précisions ni même en filigrane lors de la séance d'audition du ministre Zerhouni par le président Bouteflika, cela suscite quelques questionnements au sujet de sa consécration sur le terrain et aussi de son échéance d'entrée en vigueur annoncée pour incessante. L'accent a été mis en revanche durant cette séance d'évaluation consacrée au secteur de l'Intérieur et des Collectivités locales sur la nécessité de revoir au plus vite la mouture de la «loi relative à la commune et la wilaya» pour paraphraser les termes du communiqué diffusé par l'APS. En décodé, l'urgence de l'heure qui se fait sentir au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales a trait incontestablement à la révision du code communal et de wilaya, un autre projet des plus pertinents qui, selon des sources crédibles, bute sur sa mise en œuvre au niveau de la même institution évoquée. Dans le rapport présenté par M. Zerhouni au chef de l'Etat portant sur l'examen des propositions d'adaptation et d'aménagement des lois relatives à la commune et à la wilaya, il est clairement stipulé que la nouvelle mouture réglementant le fonctionnement de ces institutions «tendra à prendre en charge l'évolution sans cesse grandissante de ses missions, l'avènement du multipartisme, l'évolution des réalités sociologiques, les difficultés d'adaptation à la gestion d'une manière générale et la conduite du service public, ainsi que la représentation de la femme et des jeunes dans les organes de la commune». Une administration en quête de compétitivité et de transparence Pour ce qui est de la wilaya, ces adaptations lui permettront de servir d'espace d'expression à la fois à la démocratie locale et à la participation du citoyen à la gestion des affaires locales, indique-t-on. «Cette collectivité est également appelée, à travers les propositions envisagées, à servir d'espace complémentaire pour l'exercice des activités de service public de proximité et de régulation. Ces actions s'inscrivent dans la logique du renforcement et de l'encouragement de la diffusion du développement économique et social dans le cadre d'une administration porteuse de cohérence et d'efficience de l'action publique. Elles ont pour objectif essentiel d'apporter des réponses concrètes aux problèmes des citoyens», ajoute-t-on. En un mot, il est attendu de ces nouveaux réaménagements au plan réglementaire qui sont le code de la commune et de wilaya de conférer à ces institutions un fonctionnement plus moderne et plus démocratique nécessaire à l'accomplissement de leurs missions en des conditions idoines. Une nécessite qui a été exprimée d'ailleurs manifestement par le président Bouteflika qui a révélé l'urgence «de passer à une autre étape dans l'organisation, le fonctionnement et l'administration de la commune et de la wilaya, pour leur permettre de mieux assumer leur rôle d'acteurs dans la mise en œuvre des réformes engagées et d'intégrer efficacement les dynamiques qu'elles impriment régulièrement au développement local, dans un climat de sécurité retrouvé». Le chef de l'Etat rappelle en outre qu'à travers l'amendement de la loi sur la commune, «il s'agit non seulement de renforcer davantage la décentralisation de la sphère décisionnelle qu'est la commune, mais également de s'atteler à conforter ses compétences managériales et financières», a-t-il déclaré en mettant l'accent sur le partage du progrès dans les zones reculées du pays pour que «les citoyens puissent en bénéficier en toute transparence là où ils se trouvent», insiste le chef de l'Etat. En outre et dans le prolongement de ces réformes devant se faire jour, notamment via l'adoption du nouveau code communal et de wilaya, d'autres projets portant sur la modernisation de l'état civil et des documents d'identité et de voyage sont prévus. Il est question de la mise en place d'un numéro d'identification national unique (NIN), pour chaque citoyen ou ressortissant étranger, régulièrement installé sur le territoire national et des documents administratifs biométriques. En termes d'échéances, le passeport biométrique électronique sera prêt au cours du premier semestre de l'année 2010, la carte nationale d'identité biométrique électronique est prévue pour la période 2010-2011 et, enfin, le registre national de l'état civil sa numérisation sont prévus pour 2013. Une nouvelle mouture La question reste hélas posée et le flou entoure davantage ce dossier, son échéance retenue quant à son entrée en vigueur, vu que la question d'un nouveau découpage administratif dont certains ont même spéculé sur le nombre de régions qui seront promues n'a point été évoquée lors de la séance d'évaluation présidée par M. Bouteflika et consacrée au département de l'intérieur et des collectivités. Pour autant, il est plutôt naïf de croire que le dossier du nouveau découpage est complètement remis aux calendes grecques compte tenu des multiples déclarations faites par Zerhouni à ce sujet. A bien s'imprégner du bilan matérialisant l'audition de ce haut responsable de l'Etat par le président de la République, il semble bien que le nouveau découpage administratif ne sera en réalité palpable qu'après l'adoption du nouveau code communal et de wilaya.