Les délégations européennes représentées au sein du conseil exécutif de l'Unesco tentent de présenter une candidature unique afin d'éviter que le ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosni, n'occupe pas le poste de secrétaire général de cette organisation onusienne. Le nom du nouveau secrétaire général de l'Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) n'était toujours pas connu hier en début d'après-midi. Dans la soirée, le conseil exécutif de l'organisation, constitué de 58 Etats-membres, devait annoncer soit le nom du futur SG, soit l'organisation d'un cinquième et dernier round de vote à bulletins secrets où seulement deux candidats seraient admis. Jusqu'ici, quatre candidats étaient en concurrence sur les neuf personnalités engagées dans la course au poste de premier responsable de l'Unesco. Le ministre égyptien, Farouk Hosni, a été donné dès le départ comme étant le favori pour occuper le poste pour les quatre prochaines années. Mais cela sans compter sur les tractations qui avaient lieu dans les coulisses menées surtout par les délégations européennes depuis le début du processus. En fait, le conseil exécutif a organisé samedi le troisième round du vote. Pour qu'il soit désigné, un candidat doit être accrédité au moins de la majorité simple des voix (30 voix), selon les règlements de l'organisation. Or, samedi, aucun des quatre prétendants n'a obtenu ce score. Selon les résultats rendus publics par les agences de presse, Farouk Hosni a obtenu 25 voix, arrivant en tête de liste. Il est suivi de loin par la Bulgare Irina Bokova (13 voix), l'Autrichienne Benita Ferrero-Waldner (11 voix) et la candidate équatorienne Ivonne Baki (9 voix). Dimanche, les travaux du conseil ont connu un développement majeur : le retrait de la candidature de Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Relations extérieures. «Les conditions ne lui paraissent pas réunies (...) pour qu'elle maintienne sa candidature», a indiqué un communiqué de l'ambassade d'Autriche en France. «En conséquence, Mme la commissaire décide de se retirer dans l'intérêt supérieur de l'organisation et de l'unité européenne», a ajouté l'ambassade sans évoquer les véritables raisons de ce revirement. La candidature de la commissaire européenne aux Relations extérieures, présentée in extremis en mai, avait été déjà interprétée comme une initiative européenne concertée afin de faire échec au candidat égyptien. Un retrait et des accusations D'ailleurs, Mme Ferrero-Waldner a clairement appelé dimanche à faire barrage à Farouk Hosni. L'enjeu ? Si la désormais ex-candidate autrichienne n'a pas appelé nommément les 58 pays membres du conseil à voter pour la candidate bulgare, cette dernière devrait bénéficier du report de ses suffrages, indique-t-on au sein de l'organisation. Agée de 57 ans, Mme Bokova est une diplomate de carrière formée à Moscou, passée par la délégation de son pays à l'ONU et qui a également joué un rôle politique dans son pays après la chute du communisme. Par simple décompte, Mme Bokova devait ainsi obtenir 24 voix, rejoignant de près le candidat favori. C'est ainsi que d'intenses transactions avaient eu lieu ces derniers jours entre les délégations européennes afin de tenter d'aboutir à une candidature unique pour contrer le ministre égyptien de la Culture. Pour commencer, la perspective de voir M. Hosni à la tête de l'Unesco est dénoncée depuis des semaines par des organisations juives et des intellectuels qui l'accusent de prises de positions antisémites et anti-israéliennes. Ils lui reprochent également d'appartenir depuis plus de vingt ans à un «régime pratiquant la censure». Cette campagne de dénigrement pourrait changer les choses au cours du vote. «Hosni n'a pas réussi à augmenter sensiblement ses soutiens, il reste en tête mais pourrait désormais tout à fait être battu» à la faveur des reports de voix, a indiqué une source diplomatique au sein de l'organisation onusienne. Une des clefs de ce quatrième tour était détenue par la candidate équatorienne Ivonne Baki. «On est en train d'analyser la situation générale dans son ensemble, on va prendre une décision dans la journée», a déclaré une source diplomatique équatorienne à propos des neuf voix obtenu par Mme Baki lors du troisième tour. Les Européens tentent donc de récupérer ces voix au profit de la candidate bulgare.