L'application du décret ministériel n°305/8 du 11 octobre 2008, portant sur l'interdiction aux détenteurs des licences dans le cadre de l'ancien système d'accéder au poste d'enseignant au lycée, n'est pas sans conséquence sur le secteur de l'éducation. Le mécontentement des enseignants contractuels ainsi que des nouveaux licenciés de l'ancien système commence à se manifester. Cette nouvelle procédure a fait naître un climat de tension au niveau des syndicats de ce secteur. «On a mis fin aux fonctions de 5 enseignants à Ouargla car leur cursus universitaire ne répond aux normes exigées. C'est une aberration, cette circulaire est discriminatoire.» C'est ainsi qu'a qualifié Meziane Mériane, secrétaire général du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), la nouvelle réglementation. «Il faut penser d'abord à la régularisation des détenteurs de l'ancien diplôme avant de procéder à l'application de cette loi. Cette circulaire ne sera pas appliquée avant de trouver une solution pour ces cas», a-t-il accentué. «Le directeur central au niveau du ministère de l'Education nationale nous a promis de régulariser la situation de ces contractuels conjointement avec la Fonction publique», a fait savoir le secrétaire général du Snapest. Dans le cas où ces promesses ne sont pas tenues, le Snapest a envisagé d'aller plus loin. La protestation est attendue surtout dans les wilayas où cette circulaire visant le recrutement des titulaires d'un master II dans l'enseignement secondaire est appliquée. Les enseignants contractuels de la wilaya de Béjaïa ont déjà observé un sit-in afin d'exprimer leur refus pour ce décret qui les prive du droit d'accéder au poste d'enseignant au lycée. L'objectif de cette circulaire appliquée dans certaines wilayas est «le discrédit de l'ancien système. L'arrière-pensée est de tester cette décision dans le système de l'éducation pour la généraliser par la suite à d'autres secteurs, à savoir celui de l'économie, afin d'introduire dans la conscience des nouvelles générations que le système LMD est bien réussi sur le terrain, bien que les étudiants le refusent toujours», a commenté Idir Achour, chargé de la communication au Conseil des lycées d'Alger (Cla), qui a affirmé que les détenteurs de l'ancien diplôme commencent à s'organiser sur le terrain en vue d'exiger l'abrogation de ce décret. Questionné au sujet de nombre de wilayas concernées par l'application de cette circulaire, Idir Achour a déclaré que le Cla ne possède pas de statistiques mais Constantine et Sétif ne sont pas concernées par cette nouvelle procédure. Quel est le devenir des licenciés en philosophie ? Les diplômés de cette discipline enseignée uniquement au lycée se demandent quel sera leur sort dans le cas où cette nouvelle réglementation se généralise. Pour accéder à un poste d'enseignant au lycée, cette réglementation exige que le candidat soit titulaire d'un bac + 5. Si les titulaires des diplômes dans les différentes disciplines peuvent exercer dans le CEM avec leur diplôme bac + 4, ceux qui sont titulaires des licences en philosophie se trouvent contraint d'avoir un bac + 5, chose qui n'est pas souvent accessible dans la mesure où pour accéder au master I l'étudiant doit subir un concours. De plus, le nombre de places en post-graduation est souvent limité. Si la situation des licenciés dans les différentes disciplines peut être réglée, celle des titulaires d'une licence en philosophe reste, semble-t-il, énigmatique.