Nous n'avons perçu notre salaire qu'après six mois d'exercice. Certains de nos collègues n'ont pas été payés depuis le mois de septembre. La plupart d'entre nous exercent dans le secteur de l'éducation depuis 14 ans, 12 ans et 7 ans et nous sommes toujours considérés comme des contractuels. Est-ce une démarche correcte ? », s'est interrogé hier Mme Benzebouchi, présidente de bureau des enseignants contractuels, lors d'une conférence de presse animée à Alger. Ces contractuels au nombre de 40 000 sur tout le territoire national demandent la clarification de leur situation. Ils ignorent leur statut et ne comprennent pas pourquoi ils ont été dégradés dans la nouvelle grille des salaires puisque leur salaire a été revu à la baisse. « Les enseignants contractuels touchaient 19 000 DA. Alors qu'ils espéraient une augmentation conséquente, ils constatent avec amertume que leur salaire a sensiblement baissé pour atteindre 16 000 DA. Nous sommes mal payés, mal classés et nous sommes sujets à la suspension à tout moment », a tonné la conférencière qui regrette l'absence d'une loi qui protège les enseignants contractuels de ce genre de problème. Preuve à l'appui, Mme Benzebouchi exhibe quelques exemples ayant trait aux enseignants qui ont été remerciés sans avoir bénéficié d'aucun droit, et ce, après 14 ans d'enseignement. Dans une lettre ouverte déposée hier au niveau de la chefferie du gouvernement, le syndicat revendique l'intégration des contractuels dans leur fonction, la réintégration des enseignants exclus, la régularisation des enseignants après une année d'exercice. « Nous avons même participé au concours d'accès au poste d'enseignant comme l'a annoncé et a insisté le ministre de l'Education, mais à chaque fois le concours est soit annulé, soit ils ne prennent pas en considération les admis, ou alors ils réfutent notre candidature car, nous dit-on, nous ne remplissons pas les critères », a déclaré l'orateur qui a rappelé toutefois que la majorité des contractuels sont détenteurs d'une licence ou de diplôme de haut niveau, mais certains ne répondent pas aux besoins. Pour arracher leur droit et rétablir la justice, les contractuels ont saisi par écrit toutes les instances susceptibles de prendre en charge leurs doléances, notamment le ministre de l'Education nationale, le chef du gouvernement, les députés et les sénateurs. Sit-in aujourd'hui Ils comptent tenir aujourd'hui des sit-in devant toutes les directions des 48 wilayas afin de sensibiliser les responsables du secteur quant à leur situation des plus critiques. « Un père de famille qui exerce une fonction et ne touche pas pendant plus de huit mois un sou, c'est dramatique », s'est insurgée Mme Benzebouchi. Par ailleurs, les responsables du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) ont tenu à dénoncer la tentative échouée des pouvoirs publics de discréditer le mouvement légitime des travailleurs de la Fonction publique auprès de l'opinion nationale, et ce, malgré une sur-médiatisation de l'application avancée de la grille des salaires par une campagne donnant un aperçu erroné des augmentations de salaires. Le CLA est convaincu que si l'application de la grille des salaires telle qu'elle a été promulguée, occultant toutes les luttes qui l'ont dénoncée, a alimenté les illusions d'une infime minorité de travailleurs par la supercherie des rappels et l'application de l'indemnité forfaitaire, elle a par contre conforté la majorité des travailleurs dans leurs appréhensions et a mis au jour les incohérences et les disparités existant entre les bas et moyens salaires et les salaires des hauts fonctionnaires, ainsi que le déclassement de certaines catégories. Ce dernier est persuadé que seul un large mouvement de protestation unifié fera exorciser les pouvoirs publics de leur autisme. Le CLA apporte son soutien à Bekhouche Malek, secrétaire général du Sete de Béjaïa et dénonce sa suspension par l'UGTA pour avoir remis en cause le fonctionnement antidémocratique de son 11e congrès.