Nadhim Chaouche, chercheur universitaire, appréhende la thématique du roman algérien réformiste musulman à travers son ouvrage paru récemment aux éditions Alger Livres éditions. Ce roman à l'intitulé conséquent Le roman réformiste musulman d'expression française en Algérie dans l'entre-deux guerres renseigne sur cette littérature qui a été souvent altérée tout en jetant l'opprobre sur certains intellectuels qui font dans la falsification de l'histoire . Il est temps de se débarrasser du tutorat A ce propos l'auteur affirme qu «'il est grand temps d'arrêter de penser sur un modèle préétabli français, qui fait qu'on ne conçoive l'identité algérienne que telle révélée par W. Marçais, J. Berque ou B. Stora. Lequel modèle est la source même qui fonde l'énigme du nationalisme algérien, ses sources et ses origines. Il est grand temps de se débarrasser de ce pesant tutorat, de formuler nos problématiques et de faire l'effort de les élucider plutôt que de se laisser, par paresse, engager dans de faux débats, sur de fausses questions par de vrais faux directeurs de conscience». C'est dans cette perspective que Nadhim Chaouche a orienté sa recherche qui offre «une appréhension plus juste et plus intelligente des œuvres de la littérature algérienne dans les deux langues». Dans cette révision, il rejette l'idée d'assimilation à la France. Son travail s'articule autour du roman Myriam dans les palmes de Mohamed Ould Cheikh, un fils de notable de la Saoura natif de Béchar en 1906 qui demeure largement méconnu. En réhabilitant la vie et l'œuvre de l'auteur Mohamed Ould Cheikh, Chaouche rappelle l'époque du mouvement badisien, ainsi que le contexte politique et social de cette période qui a été le terreau fertile à une production littéraire donnant naissance au roman algérien d'expression française dans sa tendance réformiste. Le rejet de l'idée de l'assimilation Ce roman s'est développé durant la période prépondérante de l'entre-deux guerres, époque propice à une floraison d'idées et de revendications progressistes en faveur des droits des peuples à disposer d'eux-mêmes, l'émancipation de la femme et la libération nationale des peuples du Maghreb. Comme le souligne à bon escient le professeur Ali Merad : «C'est à cette époque» que la société musulmane fut touchée assez tardivement par le vaste souffle du renouvellement culturel et religieux qui avait remué les pays musulmans d'Orient à partir du quart du XIXe siècle, sous l'impulsion de grands réformateurs tels que Ahmed Khan en Inde, Djamel Eddine El Afghani à travers tout l'Orient musulman et Mohamed Abdou en Egypte.» Dans cet ouvrage Chaouch témoigne que la littérature algérienne ne date pas des années cinquante, mais vingt et trente avec comme prémices une œuvre en 1912 émanant de M'hamed Ben Rahal. Ces écrivains de cette époque dont M'hamed Ben Rahal, Choukri Khodja, Hadj Hamou Abdelkader, Caïd Bencherif et Mohamed Ould Cheikh. Ces œuvres qui ont subi un ostracisme sont pleins d'idées novatrices abordant les thèmes tels que le référent identitaire, l'idéologie et l'histoire. Dans le roman Myriem dans les palmes de Ould Cheikh, Chaouch montre que cet auteur rejette l'idée de l'assimilation tout en défendant l'engagement réformiste. (Islah). Cet ouvrage intéressant à plus d'un titre se décline dans la réhabilitation de l'histoire du roman algérien et de cette littérature réformiste d'expression française. Cette affirmation permet de comprendre la démarche de Nadhim Chaouche. «Il est inacceptable de la part de chercheurs algériens de marcher sur ces traces, imitant sans le moindre effort d'imagination, des simulacres de travaux de recherches dont la seule raison d'être est de tenter de maquiller la réalité historique odieuse quand ils ne justifient pas à demi-mots les horreurs de la colonisation.»