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Livre / «Nuit Blanche»
Ou la désillusion de la jeunesse
Publié dans Info Soir le 02 - 03 - 2008

Récit n Nuit Blanche est l'intitulé du roman écrit par Roshd Djigouadi et paru aux éditions APIC.
La singularité de ce roman, le deuxième après Il aura pitié de nous, paru, en 2005, aux éditions Chihab, est que, contrairement à ce qui se fait habituellement en matière de littérature notamment au plan thématique, c'est-à-dire raconter, voire porter un témoignage, qu'il soit critique ou descriptif, de la tragédie nationale, le romancier, lui, a préféré puiser dans un tout autre registre, à savoir raconter le lendemain de la décennie noire. C'est un récit vivant, remuant et très actuel, simple mais curieusement démonstratif.
Nuit Blanche est l'histoire de Aïssa, un jeune algérois qui, à l'image de la jeunesse algérienne, notamment celle qui ne bénéficie pas des changements et des réformes dans lesquelles s'est engagée l'Algérie, et cela depuis quelques années, vit dans une société en pleine mutation sociale et surtout économique, une société exposée aux spéculations diverses et allant au rythme des hypocrisies et des rapacités.
Aspirant à une vie meilleure, motivé par cette ambition de changer le cours de sa vie, de s'arracher du marasme social dans lequel il végète – il est barman dans un cabaret –, Aïssa scelle définitivement son sort avec l'homme qu'il venait de croiser sur le seuil de la porte de sa dulcinée : Si Lazreg s'avère l'homme le plus rentable des clients de Selwa, une prostituée, et ayant un carnet d'adresses bien rempli. Sa rencontre avec ce vieux personnage aux relations équivoques l'engage aussitôt dans une aventure hallucinante, vertigineuse.
De là, une nouvelle vie commence alors pour Aïssa, une vie qui n'est autre qu'une mésaventure traversée par l'amour, l'utopie, la désillusion puis par le crime…
Ainsi, le roman raconte une ascension sociale, mais celle-ci a ses revers, ses compromis et ses sacrifices. Et Aïssa en payera le prix. En somme, le roman raconte, sans complaisance, et à travers Aïssa, une jeunesse passionnée, enragée, pétrie par cette ardeur et cette fièvre du gain facile, une jeunesse prête à se renier dans une réussite spéculatrice – rien ne semble pouvoir l'arrêter. Il suffit d'être opportuniste.
Nuit Blanche est un roman spontané et pertinent qui, d'une page à l'autre, et au fil des événements, plonge le lecteur dans un réalisme des plus pathétiques où le rêve se transforme en cauchemar, où l'illusion s'évanouit dans un désenchantement assassin. C'est l'Algérie, celle du moment, qui, dans une écriture pleine et aérée, nous est racontée, une Algérie qui chante la gloire et la réussite, mais au revers dévastateur.


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