Les compétences avérées des médecins algériens pour la mise en œuvre des nouvelles thérapies du cancer sont «contrariées par l'obsolescence et l'inadaptation des structures hospitalières», ont estimé jeudi des spécialistes. L'excellent niveau scientifique des 5e journées internationales de cancérologie a permis d'aborder un sujet «innovant» et d'actualité à travers le thème «Les thérapies ciblées du cancer». Selon le professeur Sidi Mansour, médecin-chef du service d'hématologie du CHU de Constantine, l'Algérie possède les moyens humains au point de pouvoir en «exporter» puisque, a-t-il ajouté, 10 000 spécialistes nationaux exercent en France. Selon ce spécialiste, «on ne peut parler de nouvelles thérapies du cancer si nous ne pouvons pas faire de caryotype (arrangement standard de l'ensemble des chromosomes d'une cellule) et de la biologie moléculaire dans nos CHU». Il relèvera cependant que de telles spécialités ne peuvent être ouvertes au CHU de Constantine, par exemple, qui date de 2 siècles et qui est aujourd'hui complètement dépassé et obsolète. «Si on met à ma disposition une structure adéquate, dans une année je pourrai ouvrir une spécialité de greffe de moelle osseuse qui demeure la solution de pointe et de fond au cancer du sang», a-t-il soutenu, regrettant que le centre de greffe osseuse d'Alger soit demeuré «le seul et l'unique dans le pays au point d'être dépassé». L'absence de prestations de pointe a fait que des patients sont orientés vers l'Institut Pasteur de Tunisie pour des analyses poussées en matière de cancer du sang. Le docteur Naïma Bedairia, une oncologue algérienne exerçant actuellement à l'hôpital Saint-Louis de Paris (France), a souligné le «travail en coopération et en réseau», mettant en relief les possibilités de coopération et d'entraide offertes par l'Association francophone de cancérologie fondée autour du professeur Marty qu'elle a considéré comme «l'une des personnalités scientifiques les plus marquantes de ce séminaire». Cette association, qui compte aujourd'hui de nombreux oncologues algériens, dont le professeur Kamel Bouzid, directeur scientifiques des journées internationales de cancérologie de Constantine, s'attelle à jeter des passerelles entre les deux rives de la Méditerranée en matière de prise en charge thérapeutique du cancer, de formation et de mise à jour des connaissances des praticiens de cette pathologie. Cette association a lancé une étude pour cerner les pathologies cancéreuses dans le pourtour méditerranéen, organisé des séminaires et des universités d'été (dont la première a eu lieu à Oran) et mis en place un système de consultation par courrier électronique en attendant la mise en place d'un système de visioconférences permettant un échange plus approfondi des informations scientifiques entre ses membres.