Lors de sa rencontre, dimanche dernier, avec les spécialistes en oncologie, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Dr Djamel Ould Abbes, a affirmé que les personnes atteintes de cancer n'auront plus à se plaindre d'un quelconque manque de médicaments. Et pour cause. «J'ai donné instruction pour qu'il n'y ait plus de pénurie de médicaments concernant le traitement du cancer», a-t-il dit sur un ton ferme. Mieux, douze nouvelles molécules, dont des thérapies ciblées, seront bientôt importées au profit de ces malades. Le Pr Kamel Bouzid, chef du service oncologie au Centre Pierre-et-Marie Curie (CPMC), était récemment en déplacement aux Etats-Unis d'Amérique et s'est renseigné davantage sur les moyens d'assurer une bonne utilisation de cette nouvelle méthode. Celle-ci n'est pas tout à fait nouvelle en Algérie ; elle a été introduite au début des années 2000, mais de manière très timide, ne profitant qu'à un nombre très limité de malades. La raison première en est la cherté du prix du traitement. Une seule dose coûte 150 000 DA et le malade doit en prendre au moins six, indiquent des spécialistes. Ce nouveau traitement est coûteux, mais il a de grands avantages sur la santé des malades ainsi que sur le fonctionnement des centres anti-cancer. «La thérapie ciblée en oncologie médicale est le progrès scientifique du millénaire en matière de traitement des cellules cancéreuses car son utilisation a fait du cancer une maladie chronique après avoir été mortelle», avait déclaré le Pr Kamel Bouzid. L'homme est engagé dans ce domaine et ne manque pas une occasion pour défendre le droit des malades cancéreux à un traitement de qualité. Pour lui, l'oncologie enregistre une avancée considérable aux Etats-Unis et d'autres pays à travers le monde, et l'Algérie doit suivre ce progrès. Elle ne doit pas être en reste. La décision du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière d'aller dans ce sens, en important des thérapies ciblées, est donc considérée comme un grand pas dans le traitement du cancer en Algérie. Ajoutée à la promesse du ministre Ould Abbès de veiller en personne pour qu'il n'y ait plus de pénurie, cela ne peut que donner de l'espoir aux nombreuses personnes atteintes de cancer. Ces dernières souffrent le martyre pour les soins de chimiothérapie et de thérapie. Elles y trouveront peut-être la solution magique. Théoriquement, c'est possible mais sur le terrain, la réalité risque d'être encore dure. Le problème est toujours le même : un nombre croissant de malades, de structures exiguës et peu commodes… et, bien sûr, comme susmentionné, la cherté du prix des médicaments et des soins, de façon générale. C'est une équation difficile à résoudre même s'il y a une volonté politique d'améliorer les choses. L'idéal serait de produire ces molécules en Algérie même, dans des laboratoires algériens, conduits par des Algériens. Des laboratoires où il sera également question de faire des recherches dans le domaine. Ce n'est pas évident, sachant que des professeurs de haut niveau avaient exprimé le vœu de lancer des projets du genre, mais leur demande a été tout bonnement, rejetée. Pour en revenir aux déclarations du ministre, ce dernier a assuré hier que le ministère des Finances a été également instruit pour répondre à toutes les demandes concernant l'acquisition des médicaments anti-cancer. Il a aussi révélé que des experts américains de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) seront à Alger, dans les jours à venir, pour débattre de la création future d'un centre africain de lutte contre le cancer. Les deux parties algérienne et américaine examineront la question relative au partenariat dans la recherche et le traitement de cette maladie qui, comme le laisse entendre le Pr Kamel Bouzid, finira par devenir chronique (comme le diabète, l'hypertension artérielle…) après avoir été (et l'est encore) mortelle. K. M.