Les talibans continuent toujours de résister à l'armée pakistanaise. Pas plus tard qu'hier, celle-ci s'est retrouvée contrainte à agrandir son offensive lancée la veille dans le district tribal du Waziristan du Sud, où plus de 100 000 personnes ont été déplacées. Les autorités avertissent que ce nombre de déplacés pourrait atteindre 200.000. Qualifié par le président américain Barack Obama «d'endroit le plus dangereux du monde pour les Américains», les zones tribales du nord-ouest du Pakistan sont devenues, progressivement depuis la chute, fin 2001, des talibans en Afghanistan, le sanctuaire d'Al Qaïda et une base-arrière des talibans afghans, soutenus par les talibans pakistanais. Le gouvernement avait annoncé dès juin une offensive majeure dans ce district tribal Mehsud. Par ailleurs, l'armée a revendiqué la mort de 60 rebelles islamistes au deuxième jour de son offensive terrestre et aérienne qui mobilise quelque 20 000 hommes dans ce district extrêmement accidenté du nord-ouest du Pakistan. Dans un communiqué militaire, il a été déclaré qu'au cours des deux derniers jours, 60 terroristes ont été tués dans l'opération Rah-e-Nijat, précisant qu'on a compté cinq morts et onze blessés parmi les forces de sécurité. Equipés de roquettes et d'armes lourdes, les combattants islamistes ont opposé une vive résistance dans la zone de Sharwangi, la première en territoire des tribus Mehsud, qui composent le gros de l'encadrement et des combattants du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP). Les experts estiment que ce mouvement dispose de 20 000 à 25 000 combattants dans les zones tribales dont 10 000 à 12 000 au Waziristan du Sud, épaulés par des combattants étrangers arabes ou venus d'Asie centrale. Visant la trêve de l'offensive avant l'arrivée du grand froid, les responsables militaires parlent d'une durée de six semaines, au plus tard huit semaines. Washington considère qu'Al Qaïda a reconstitué ses forces dans les zones tribales pakistanaises frontalières avec l'Afghanistan. Mais y aurait-il réellement une trêve ? Les talibans ne sont apparemment pas près à lâcher prise depuis que le chef fondateur du TTP, Baïtullah Mehsud, a été tué le 5 août au Waziristan du Sud, par l'un des missiles visés sur Al Qaïda. La vengeance des talibans a alimenté leur haine et leur détermination en multipliant les attentats suicide sans merci. Des attaques qui ont fait 178 morts ces douze derniers jours.