Le gouvernement avait annoncé dès juin une grande offensive terrestre dans ce district tribal fief des tribus Mehsud. L'armée pakistanaise a lancé hier une offensive d'envergure au Waziris-tan du Sud, fief principal des taliban alliés à Al Qaîda dans le nord-ouest du Pakistan où elle rencontrait de la résistance. Quatre soldats sont morts et douze ont été blessés au cours de deux accrochages distincts, a indiqué l'armée dans un communiqué. «L'armée a lancé une opération après en avoir reçu l'ordre du gouvernement, l'opération a été lancée tôt ce matin, des troupes au sol et des moyens aériens sont engagés», a déclaré le général Athar Abbas, porte-parole de l'armée. L'opération militaire aérienne et terrestre a buté d'entrée sur une résistance des combattants islamistes dans une zone au relief extrêmement montagneux, fief de dizaines de milliers de taliban pakistanais, afghans et de combattants étrangers d'Al Qaîda très aguerris. «Les troupes rencontrent de la résistance», a déclaré un responsable militaire à Peshawar, la grande ville du nord-ouest, sous couvert de l'anonymat. «Ils utilisent des armes lourdes», a-t-il ajouté. Cette résistance était particulièrement forte dans la zone de Sharwangi, la première en territoire Mehsud sur leur trajectoire de progression, a déclaré un responsable de l'administration locale, toujours sous couvert de l'anonymat. Les insurgés islamistes ont considérablement intensifié ces derniers jours une vague d'attentats qui a déjà fait près de 2 300 morts en un peu plus de deux ans dans ce pays, allié-clé de Washington dans sa «guerre contre le terrorisme». Auparavant, un haut responsable de l'armée, sous couvert de l'anonymat, avait déclaré que «des forces se dirigent vers le territoire des Mehsud, il ne s'agit pas pour l'instant de la totalité de nos troupes mais d'éléments qui doivent prendre pied là-bas». Un couvre-feu illimité a également été imposé dans certains secteurs du Waziristan du Sud, d'où environ 90.000 civils ont fui depuis début août. Le gouvernement avait annoncé dès juin une grande offensive terrestre dans ce district tribal fief des tribus Mehsud. Leurs hommes composent le gros des combattants du Mouvement des Taliban du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance à Al Qaîda. Mais jusqu'alors, l'armée se contentait de bombarder au moyen de ses avions et hélicoptères. Washington considère qu'Al-Qaîda a reconstitué ses forces dans les zones tribales pakistanaises frontalières avec l'Afghanistan et les taliban afghans des bases arrière. Les drones américains basés en Afghanistan tirent fréquemment des missiles visant Al Qaîda et les taliban dans le nord-ouest du Pakistan et le chef-fondateur du TTP, Baïtullah Mehsud, a été tué par l'un d'eux le 5 août au Waziristan du Sud. Pour le venger, le TTP a multiplié les attaques et attentats suicide, qui ont fait 178 morts ces douze derniers jours jusqu'au coeur du pouvoir près d'Islamabad. L'armée et le gouvernement se sont donc accordés pour précipiter l'offensive terrestre, assuraient samedi les médias pakistanais. Un autre officier des forces de sécurité a confirmé les mouvements de troupes dans cette zone au relief extrêmement montagneux, fief de dizaines de milliers de taliban pakistanais, afghans et de combattants étrangers d'Al-Qaîda très aguerris. Mais l'offensive terrestre n'a pas été officiellement déclenchée, selon des hauts responsables militaires. L'une d'elles a assuré que l'opération contre le TTP devrait impliquer au sol quelque 60.000 militaires au total. «Ce sera une opération-éclair car nous devons garder à l'esprit les conditions météorologiques: on doit essayer de terminer l'opération avant l'hiver», a expliqué le responsable militaire. Une vaste offensive avait été déclenchée en avril contre les taliban dans la vallée de Swat, plus au nord. L'armée avait annoncé qu'elle aboutirait rapidement à l'élimination des combattants islamistes dans cette région infiniment moins accidentée que le Waziristan, mais les taliban, retranchés dans leurs repaires, continuent de harceler les troupes au moyens d'attentats suicide notamment. L'offensive de Swat s'était soldée par le déplacement de près de deux millions de civils, une «catastrophe humanitaire» selon l'ONU. Selon plusieurs experts, une offensive terrestre au Waziristan pourrait se solder par un désastre pour des troupes entraînées à la guerre conventionnelle et non à la contre-insurrection, dans une région où il est extrêmement difficile d'acheminer chars et pièces d'artillerie lourde.