Un attentat suicide perpétré dans une ville du sud-est de l'Iran frontalière du Pakistan a causé hier 29 morts, parmi lesquels figuraient de hauts commandants des gardiens de la Révolution. Les Etats-Unis sont pointés du doigt par Téhéran qui les a accusés de commettre un acte terroriste dans cet attentat le plus meurtrier de ces dernières années contre le corps d'élite des gardiens de la Révolution, l'armée idéologique du régime. Selon un communiqué du Conseil de la sécurité nationale, il a été mentionné que dans l'attentat commis dans la ville de Pishin, 29 morts et 28 blessés ont été enregistrés. Le communiqué ajoute que les responsables de cette action inhumaine et tragique seront arrêtés et punis. L'attentat s'est produit à 8h (4h30 GMT) dans la ville de Pishin, à la frontière avec le Pakistan, alors que les commandants des gardiens de la Révolution participaient à une réunion avec les chefs de tribus de la province du Sistan Balouchistan, destinée à renforcer l'unité entre les chiites et les sunnites, a indiqué l'agence de presse Fars. Dans cette action terroriste, le général Nour-Ali Shoushtari, l'adjoint du commandant de l'armée de terre des gardiens de la Révolution, le général Mohammad Zadeh, commandant des gardiens de la Révolution pour le Sistan Balouchistan, le commandant des gardiens pour la ville d'Iranshahr (sud-est), et le commandant de l'unité Amir Al Momenin ont été tués, a précisé Fars. Des chefs de tribus ont également péri dans l'attentat, selon la même source. Les gardiens de la Révolution passent pour la garde loyale de la République islamique et de son guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Qui sont les gardiens de la Révolution ? Le corps du Pasdaran (gardiens de la Révolution) est une organisation paramilitaire de la République islamique d'Iran dépendant directement du guide de la Révolution, le chef de l'Etat iranien. L'organisation est placée sur la liste officielle des organisations terroristes par les Etats-Unis d'Amérique. Le Sepah-e Pasdaran est séparé de l'armée iranienne régulière et lui est parallèle. Ils sont très bien équipés avec leur propre marine, armée de l'air et forces terrestres. La force est aussi responsable des missiles d'Iran sur lesquels l'armée régulière n'a aucun contrôle. Son quartier général se situe sur la base aérienne de Doshan Tappeh, siège également du commandement de l'armée de l'air iranienne. Des efforts récents ont été faits afin de créer un commandement conjoint entre l'armée régulière et les gardiens de la Révolution, mais ils ont été limités par leur nature et n'ont pas eu d'impact significatif. Le corps des gardiens de la Révolution a été fondé par décret le 5 mai 1979, en tant que force soumise à l'autorité de l'Ayatollah Khomeini. Ils sont en fait placés sous l'autorité du guide de la Révolution, actuellement Ali Khamenei. Ils sont devenus une force armée à part entière pendant la guerre Iran- Irak (1980 à 1988), où ils ont joué un rôle prééminent en utilisant, majoritairement, des adolescents inexpérimentés contre l'armée irakienne. En 2000, on estime que les GRI regroupent 130 000 hommes dans une vingtaine de grandes formations, dont des unités parachutistes, d'opérations spéciales ou d'infanterie de marine. Les gardiens de la Révolution ont pris un poids croissant dans l'Etat ces dernières années, non seulement en politique mais aussi en économie. L'actuel président Ahmadinedjad a fait partie de leurs rangs et nombre d'entre eux a intégré le Majlis (Parlement) en 2004, ainsi que les ministères. Les gardiens de la Révolution disposent de leur propre université et sont réputés avoir la main haute sur le programme balistique iranien. Ils sont aussi devenus actifs dans les secteurs de la construction et du pétrole, par le biais de sociétés qui leur sont affiliées et qui ont décroché de très gros contrats. Souvent considérée comme une armée parallèle forte de sa propre aviation et de sa propre marine, ils sont étroitement associés à l'armée régulière dans les opérations de défense. Ils partagent avec cette dernière la surveillance des frontières mais disposent d'un équipement beaucoup plus sophistiqué, notamment avec les batteries de missiles à longue portée Shahab-3. Ils ont aussi pris leur part dans la lutte contre les groupes armés de l'opposition et disposeraient de services de renseignement d'une efficacité redoutable, dirigés par le général Mohammad Ali Jafari, et les miliciens islamistes des Bassidjis qui ont joué un important rôle dans la répression des manifestations de contestation qui ont suivi la réélection contestée du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinedjad. Récemment, les autorités ont annoncé que le corps des Bassidjis allait être intégré directement dans les forces terrestres des gardiens de la Révolution avec une organisation et un commandement unique. Mais les autorités n'ont pas annoncé quels seraient les effectifs de la nouvelle force qui est appelée force de la résistance terrestre des gardiens de la Révolution.