Habituellement, les dents entrent en contact uniquement au moment des repas. Mais, dans une situation difficile, on a coutume de «serrer les dents». Mauvais conseil puisqu'en provoquant ce contact pour se forcer à rester cool, certains en profitent pour déplacer leur mâchoire de droite à gauche ou d'avant vers l'arrière, en somme pour grincer des dents. Ce comportement peut très bien être passager : stress ponctuel (examens par exemple) ou encore prothèse mal ajustée. C'est aussi le cas des jeunes enfants qui expérimentent le grincement quand ils ont encore peu de dents et cherchent à établir des contacts pour prendre leurs repères. Le problème disparaît alors spontanément sauf dans de rares cas. Evacuer le stress En revanche, pour certaines personnes, le grincement devient une véritable manie inconsciente. Deux causes s'associent généralement : la mauvaise occlusion entre les dents du haut et du bas (on dévie les mâchoires pour rectifier un décalage, on grince pour «limer» une dent qui gêne) et l'anxiété (grincer des dents permet de maîtriser son stress au même titre que se ronger les ongles). Pour preuve : en vacances, le bruxisme diminue nettement. Le reste du temps et en particulier la nuit (sans contrôle possible) ce réflexe occasionne une véritable gêne pour les conjoints qui ne parviennent plus à trouver le sommeil. Sans compter les douleurs musculaires au niveau des mâchoires (surtout au réveil) que subissent les «bruxomanes». Dans ces cas-là, il faut consulter le dentiste urgemment. Attention à la douleur En effet, outre ces désagréments, le bruxisme peut avoir des conséquences plus lourdes. Les dents s'usent (elles deviennent plus sensibles) jusqu'à s'aplanir. Et plus elles perdent de volume, plus elles s'amenuisent facilement (dans des cas graves, il reste parfois seulement 2 ou 3 millimètres de dent !). Il arrive même qu'elles se fracturent ou se déchaussent. Des douleurs peuvent survenir au niveau des mâchoires, des tempes, des oreilles, du crâne et même du cou et du haut du dos. Sans parler des difficultés pour manger (claquement à l'ouverture de la bouche, limitation ou blocage de l'ouverture) et les conséquences articulaires (craquements, déviation…). Même l'aspect du visage peut changer tellement certains muscles sont sollicités ! A soigner sur tous les fronts A l'examen, le spécialiste pourra très vite se rendre compte de l'intensité du trouble : grincement de dents occasionnel ou bruxisme. Dans le cas d'un problème de prothèse, il suffira de retourner chez l'orthodontiste. Il arrive en effet que les corrections réalisées par des appareils permettent d'obtenir un résultat esthétique optimal mais causent des soucis d'occlusion responsables du bruxisme. Sinon, le dentiste procède en deux étapes. Il doit d'abord soulager le patient et l'aider à se déshabituer de son tic. Il réalise pour cela une gouttière de relaxation neuromusculaire en résine lisse et transparente de la bonne épaisseur qu'il place sur les dents du haut. Elle diminue les tensions au niveau musculaire et articulaire et empêche de grincer des dents puisque celles-ci ne sont plus en contact. Il faut la porter la nuit et parfois le jour pendant deux semaines. A l'issue de ce «sevrage», le dentiste peut entreprendre les travaux nécessaires pour aider le patient à retrouver une bonne occlusion : meulage, prothèse, orthodontie… Prendre en charge l'anxiété Parallèlement, une prise en charge thérapeutique de l'anxiété doit avoir lieu : limitation des facteurs de stress (tabac, alcool, drogue) techniques de relaxation (sophrologie), prise d'un décontractant musculaire et ou consultation auprès d'un spécialiste. A noter : la prise de conscience du trouble constitue déjà un premier pas vers la guérison. Pour limiter la réapparition du trouble et ses dégâts, il convient également d'éviter certaines conduites : dormir sur le ventre (en particulier la tête reposant sur les mains) car cela exerce une pression sur les mâchoires, mâchonner du chewing-gum ou un crayon mais aussi consommer beaucoup de boissons acides (coca, jus d'agrume) qui ont tendance à abîmer les dents.