De la détention de drogue, l'inculpation de Sofiane M. risque d'aller jusqu'à la condamnation. Mais la vista de maître Aït Boudjemaa a joué en faveur du détenu qui a en réalité dit la vérité et crié son innocence. Pourtant apparemment tout est contre lui. C'est alors que l'avocat va semer le doute en évoquant un troisième gus qui avait fui et était pris peu de temps après. L'avocat a parlé de ratés de l'enquête. La juge a suivi et relaxé Sofiane M. ravi. Le défenseur l'est encore plus. Les articles 12 et 17 de la loi 04-12 du 24 décembre 2004, relative à la protection et à la répression de l'usage et du trafic illicites des stupéfiants et de substances psychotrophes, est une loi encore floue qui pousse les juges à jongler avec les termes. Pendant au nez de Soufiène M. le client de maître Aït Boudjemaa, le détenu nie. Pourtant, il a deux témoins, eux-mêmes incarcérés dans un autre dossier de trafic de drogue, un autre détenu pour une autre affaire est venu, solidement encadré par deux policiers, témoigner à la barre que Soufiène M. lui avait revendu une quantité appréciable. Par contre, Ali l., un autre détenu, affirme n'avoir jamais été approvisionné par Soufiène.Maître Aït Boudjemaa regrette amèrement que les policiers n'aient pas bien mené l'enquête où il est question d'une troisième personne qui a pris la fuite et prise deux jours après. Il regrettera aussi la dureté des demandes effectuées par le ministère public. Djamila Benkhettou, la procureure, sourit, grimace et baisse les épaules, signe évident qu'elle voulait signifier par là que nulle force au monde ne pouvait la dévier de l'indivisibilité du siège du parquet et donc de la solidarité du siège. Puis l'avocat s'étala longtemps sur l'absence d'opération de perquisition au domicile de Soufiène. M., où on n'avait rien découvert de compromettant. «La détention de came est un délit trop sérieux pour être malmené de la sorte. Lorsqu'on détient, on a sous la main la preuve du délit. Or, qu'a-t-on retrouvé sur Soufiène M. ? Rien, sauf qu'un inculpé détenu est venu témoigner contre un autre ce qui est contraire à la loi», siffle l'avocat qui aura cinq secondes pour effleurer de la phalange de l'index sa grosse moustache tombante et très bien entretenue. Ayant très bien suivi l'idée et le développement du raisonnement de maître Aït Boudjemaa, Imen Boudmagh n'avait d'autre choix, elle, la présidente d'une juridiction qui juge sur preuves et non sur du vent, que d'aller à la relaxe, une relaxe appréciée par cette sacrée avocate maître L'houaria Henni, qui n'avait pas eu, elle, le plaisir de défendre convenablement son client, car l'affaire avait été renvoyée à la demande de la partie adverse. «Ce n'est que partie remise», avait chuchoté l'avocate à l'oreille de maître Nassima Aïd.