A mesure que le programme quinquennal 2005-2009 avance, la livraison des logements s'accentue dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj.En 2008, près de 4000 habitations ont été réceptionnées tous types confondus. Ce chiffre est appelé à augmenter à la fin de cette année. Même les autres programmes, comme les PCD et celui des Hauts Plateaux, doivent porter leurs fruits. Autant dire que la distribution est conséquente. Ceste l'occasion justement de régler la crise du logement ou tout au moins l'atténuer. Quand on voit tout ce que l'Etat débourse pour le secteur ce résultat est le moindre à atteindre. Quand le bâtiment va tout va, dit l'adage. Une relance de l'économie est une autre conséquence à attendre. Ce qui est sûr, c'est que la paix sociale est possible avec toutes ces réalisations. Encore faut-il qu'elles aillent à ceux qui les méritent. Effectivement, la wilaya vit au rythme des distributions de logements, notamment sociaux locatifs. Il ne se passe un mois sans qu'une commune enregistre ce genre d'opération. Naturellement, cette dernière est suivie par toute la population. C'est même l'événement sur le plan local, non seulement à cause du nombre de personnes touchées mais surtout pour l'attention qui lui est accordée par les autorités locales. Les APC trouvent dans cette action une occasion de rappeler leur engagement au profit des citoyens et prouver la justice qui les guide. Mais entre l'acte et la parole, il y a une différence, selon beaucoup de citoyens que nous avons contactés. La tension a baissé Pour certains, essentiellement ceux qui ont déposé des demandes d'attribution, l'opération est loin d'être un exemple d'équité. Alors qu'ils ont déposé leurs dossiers des années auparavant ils ne figurent pas sur les listes. C'est le cas de Hocine qui vit de menus travaux mais qui n'a pas eu droit au logement. Pourtant, il loue depuis dix ans. C'est loin de contenter les membres de la commission qui ont choisi d'autres personnes dont certains ne sont pas dans le besoin. Justement, ces listes sont diversement appréciées. Alors que les responsables se targuent d'avoir respecté les règles d'équité et surtout les dispositions en la matière, les citoyens parlent pour certains de hogra, d'autres de passe-droit. D'autres vont même jusqu'à accuser les membres des commissions d'attribution de corruption, même s'ils se disent incapables d'apporter la preuve de ce qu'ils avancent. Ce qui est sûr, c'est que chaque distribution s'accompagne de drames et même d'émeutes. Lors de la dernière opération à Bordj Bou Arréridj, un couple a menacé de se jeter du haut du siège de la wilaya. C'est dire combien la détresse des citoyens est grande. A El Hamadia, quelques semaines plus tôt, il a fallu l'intervention des forces de l'ordre pour disperser la foule en colère. Malgré ces manifestations, les observateurs jugent que la contestation a baissé dans la wilaya. Si le nombre des logements est une explication plausible, les responsables locaux préfèrent tirer la couverture vers soit en voyant dans ce changement de comportement une preuve que les critères de distribution sont respectés. «Si nous prenons du temps, c'est pour mieux étudier les dossiers et partant ne garder que ceux qui méritent de figurer dans les listes. Ces dernières sont affichées dans les places publiques pour assurer une large diffusion et surtout une acceptation des noms qui sont accompagnés de la filiation des bénéficiaires», selon les mêmes responsables qui jugent que le recours est une autre possibilité entre les mains des contestataires. Mais souvent le recours ne change rien. Le demandeur ne garde que l'espoir d'être retenu la prochaine fois. Recommence alors le cycle des enquêtes, des audiences et des larmes. Cette semaine, c'est la commune de Ouled Dahmane qui est concernée. 40 logements doivent être distribués. Dérogera-t-elle à la règle ou fera-t-elle partie du lot des drames et des contestations ?