Les opérateurs économiques domiciliés à la Banque nationale d'Algérie (BNA) sont très en colère. La mise en application des dispositions de la loi de finances complémentaire avec l'introduction du crédit documentaire comme seul moyen de payement dans les opérations de commerce extérieur leur a doublement compliqué la tâche et sérieusement affecté les différentes opérations qu'ils ont engagées depuis l'entrée en vigueur de cette loi. Beaucoup d'opérateurs ont même décidé de changer de banque en raison des lenteurs et des nombreuses lacunes qu'ils ont eues l'occasion d'énumérer, lors d'une rencontre, à Seghir Benbouzid, président directeur général de cette banque à l'hôtel Mercure. Concernant les mesures d'assouplissement prises par la BNA, Seghir Benbouzid a tenu à expliquer que toute demande de crédit doit être précédée par l'ouverture de la ligne de crédit autorisée. Le renouvellement de cette ligne doit se faire, selon lui, en moins de cinq jours ouvrables de la même semaine. «Il s'agit là d'une simple régularisation administrative. Au cas où la ligne de crédit ne suffit plus à la demande du client, il faut demander de la changer. Cela se fait en moins de cinq jours. J'ai également demandé l'accompagnement des opérateurs dans l'ouverture de cette lettre car nous savons tous que c'est long et lourd en même temps», a-t-il souligné. L'autre décision prise par le PDG concerne le prolongement du délai de crédit de trois mois supplémentaires depuis l'entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation, ce qui évitera aux opérateurs de refaire toutes les procédures pour le renouvellement du crédit. «C'est une décision que j'ai prise et qui entre dans le cadre des règles de fonctionnement. Ceci va permettre aux opérateurs de continuer à travailler normalement au lieu de refaire tout à zéro», a-t-il encore expliqué. Seghir Benbouzid a appelé les opérateurs à présenter des recours à l'inspection générale et à s'adresser à la direction générale de la banque s'ils trouvent des difficultés au niveau des agences où ils sont domiciliés. Outre le problème du manque de communication entre les agences de la banque et la direction, d'un côté, et la banque et ses clients, de l'autre, les opérateurs ont montré leur mécontentement par rapport aux lenteurs et blocages qui sont devenus récurrents depuis le 1er août 2009. Ouverture d'un crédoc : 45 jours maximum Les nombreuses demandes d'ouverture d'un crédit documentaire ont nécessité un temps énorme qui a d'ailleurs amené beaucoup d'opérateurs à annuler leurs demandes. Ils ont appelé les responsables de cette banque à trouver des mécanismes pour l'accélération des démarches et donner plus de souplesse aux procédures au niveau des différentes agences de la banque. Le PDG a indiqué que le traitement d'un dossier pour l'ouverture d'un crédoc ne doit pas dépasser 45 jours. Une durée contestée par les opérateurs dont certains attendent depuis plusieurs mois sans qu'il y ait une réponse. «Nous allons faire en sorte que 45 jours soit un délai maximal», a-t-il souligné. Le PDG explique cette situation par la complexité de la procédure et le traitement hautement sécurisé que cette banque réserve à cette formule «qui demande une technicité pointue en raison du fait qu'il est difficile, pratiquement impossible, de corriger des erreurs s'il y en a, une situation qui a fait que les opérateurs qui assuraient les opérations de transfert libre ou la remise documentaire ne peuvent plus assurer le crédoc», a souligné Seghir Benbouzid. Tout en soulignant que la BNA ne trouve aucun plaisir à causer du tort et des retards à ses clients, le PDG a relevé l'importance du volume des opérations dans le crédoc nécessitant une capacité de traitement adéquate pour le traitement du nombre de plus en plus croissant de demandes d'ouverture crédit. «Ceci étant, il existe des dossiers qui ne supportent pas une demi journée de retard, notamment ceux relatifs à la santé et à l'alimentation qu'il faut traiter après que l'opérateur lui-même ait signalé son urgence à la banque», a-t-il expliqué. En termes de moyens, le PDG a annoncé également la généralisation de la monnaie et la prestation électronique dans toutes les agences pour mieux gérer le flux important des clients. La question cruciale du financement du crédit a été également soulevée dans ce débat entre les deux parties. Les opérateurs ont avancé l'application de taux divers applicables à différents types de marchandises apportées allant de 10% à 110%. Le PDG a expliqué que la BNA demande un approvisionnement de la lettre de crédit entre 10 et 25% pour la matière première destinée à la production nationale, à hauteur de 100% pour la revente en état. Il précisera également que l'opérateur n'a pas le droit de se présenter pour un autre crédit en cas de non payement de son premier crédit. A propos des coûts de l'opération, le PDG a répondu qu'il n'a pas changé comparativement aux autres types de payement existant auparavant et ce, quel que soit le montant de l'opération.