La sécurité alimentaire et la construction d'un espace économique maghrébin solide sont désormais des défis que devront relever les pays de cette région. Une nouvelle fois, la commission ministérielle maghrébine chargée de la sécurité alimentaire, réunie jeudi à Marrakech, pour sa 15e session, a adopté une vision commune pour relancer l'agriculture dans les pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA) en vue d'augmenter la production, la commercialisation et l'investissement. Cette session a permis de définir les règles opérationnelles en vue de libéraliser les échanges commerciaux intermaghrébins des produits agricoles, des produits agricoles semi-manufacturés et des produits de pêche entre les pays de l'UMA, dans le cadre du projet de convention de mise en place d'une zone maghrébine de libre-échange. La vision arrêtée porte aussi sur le développement de la recherche scientifique dans le secteur agricole et l'échange d'informations entre les centres spécialisés, notamment en ce qui concerne la santé animale, la bonne qualité des semences et les expériences réalisées pour une meilleure adaptation de la production animalière et végétale avec les changements climatiques. Un forum sur l'investissement maghrébin agricole à Alger Selon le communiqué du secrétariat général de l'UMA, un forum maghrébin sur l'investissement agricole dans la région sera tenu à Alger en 2010, en marge de la prochaine session de la commission. A ce propos, le ministre marocain de l'Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhennouch, a mis l'accent sur le rôle prépondérant de l'investissement dans la réalisation de la sécurité alimentaire et le renforcement de la compétitivité du secteur agricole dans les pays du Maghreb. Ceci suppose, de son avis, le renforcement des infrastructures (les routes et les ports) ainsi que les autres domaines en rapport avec l'agriculture. Il plaidera pour le déploiement d'importants efforts, dans le cadre de plans d'action réalistes et réalisables, de nature à relever les défis qui menacent la sécurité alimentaire maghrébine. Dans sa déclaration à la presse marocaine, il a relevé que «les défis imposés par la raréfaction des ressources hydriques, les changements climatiques et la désertification dans notre région nous incitent aussi à concrétiser une vision commune pour faire face aux différentes problématiques rencontrées dans les secteurs utilisateurs de l'eau comme l'agriculture». De son côté, le secrétaire du comité populaire général libyen de l'Agriculture et des Ressources animales et maritimes, Aboubaker Al Mabrouk Mansouri, a estimé que l'augmentation des prix des produits alimentaires de base, au cours des deux dernières années, interpelle les pays de l'UMA pour renforcer la concertation en vue d'atteindre un degré élevé de complémentarité. Avis partagé par Rachid Benaïssa, ministre algérien de l'Agriculture et le secrétaire d'Etat auprès du ministre tunisien de l'Agriculture et des Ressources hydriques chargé de la pêche maritime, Abderrazak Dâaloul. Ce dernier pense que l'atteinte de la complémentarité souhaitée exige aux pays de l'UMA de tirer profit des potentialités que recèle la région. L'insécurité alimentaire persiste au Maghreb Dans le même contexte, le représentant de la FAO au Maroc, André Hupin, a exhorté les pays du Mghreb pour coopérer entre eux afin de faire face à l'insécurité alimentaire qui persiste dans la région à partir de 2007, à cause de la hausse des prix des produits alimentaires de base sur le marché mondial pour lesquels la région du Maghreb est importatrice nette. Il a estimé que la crise actuelle a renforcé la conviction que les solutions individuelles ne suffiront plus à l'avenir pour résoudre les problèmes agricoles et de sécurité alimentaire. La 15e session a été également l'occasion pour évaluer l'action maghrébine de lutte contre l'invasion acridienne. Il a été décidé, à cet effet, de relancer l'expérience réussie menée en 2004 par les pays du Maghreb pour faire face au phénomène acridien, qui menace la Mauritanie et les pays du Maghreb.