La loi n°4-18 du 25 décembre 2004 est une création d'une «potion» des articles 119, 120, 122-7, 126 et 132 de la Constitution, de la convention unique sur les stups de 1961, celle de 1971 sur les substances psychotropes, le protocole de 1972 modifiant la convention unique, la convention des Nations unies contre le trafic de drogue, les trois ordonnances de juin 1966 n°66-155, 66-156 et 66-211, outre les cinq lois du 21 juillet 1979 (79-07) (85-05) (87-17) et 01-14 (03-10) du 16 février 1985, du 1er août 1987, du 19/08/2001 et 03-10 du 19 juillet 2003. C'est dire ici que depuis quarante trois ans, l'Etat à fait de la lutte contre le trafic de drogue une priorité qui ne laisse planer aucun doute. La prévention plus la répression. Dans son jour, maître Rabah Labdi joue la décontraction, le flegme, devant une Bedri décidée à jouer son rôle de batteuse acharnée contre les fléaux sociaux. Le client de l'avocat de ce jeudi est poursuivi pour détention de stups, fait prévu et puni par la loi n°04-18 du 25 décembre 2004. Face à la présidente de la section détenus du tribunal d'el Harrach (cour d'Alger) le détenu joue une vraie mélodie pour paraître beaucoup plus comme victime qu'inculpé et donc coupable du délit reproché. Ce commerçant ambulant n'a pas de chance. Le joint avait été découvert par la police à proximité de quatre gus ramassés, selon l'avocat, au hasard. Catastrophe ! «Au commissariat, les policiers, qui n'avaient rien à se mettre sous la dent, optent pour mon client qui a un véhicule et la recette de la journée confisquée par les policiers en guise de preuve de produit de revente de drogue. Ce n'est pas sérieux. Ce n'est pas de cette manière que l'on chasse les dealers», s'est écrié maître Labdi qui est allé jusqu'à déplorer la précipitation de jeunes éléments inexpérimentés de la police qui se jettent sur tout ce qui bouge. «Cette fois, ils sont tombés, encore une fois, sur un pauvre chef de famille à ne pas jeter en taule, oui surtout pas», avait ajouté l'élégant avocat que Bedri respecte beaucoup pour sa maîtrise des procédures. Et c'est ici un élément important que le courant passe entre les défenseurs qui dominent leurs sujets et les juges du siège qui ne sont pas là assis derrière le pupitre, prêts à obéir à la loi et à l'appliquer sans jamais la commenter. Aussi, dans ce dossier où la drogue avait fait des siennes, surtout que depuis un certain temps on ne sait plus si on doit poursuivre quelqu'un pris avec de la came sur lui, qu'il détient ou il possède de la drogue. Les avis sont partagés. Et en langue arabe, les comptes sont plus tranchants et malgré tout les avocats s'échinent à expliquer que lorsqu'une quantité de drogue ou même un joint sont découverts à proximité d'un groupe de jeunes, il ne peut y avoir ni possession ni détention. «Oui, on devrait alors se passer de ce poison trouvé à terre, ou dans un trou d'arbre ou encore dans un trou d'un mur», ironise Bedri, la présidente, qui a sous les yeux le PV d'audition de la police, les déclarations des suspects et tout et tout. Il est évident que les magistrats «possèdent» (tiens, tiens !) ou «détiennent» (tiens, tiens !) tous les éléments constitutifs pour expédier quelqu'un qui possède ou détient de la drogue. N'empêche que le client de maître Larbi a écopé de deux mois ferme, un avertissement en somme.