Bien qu'il soit le plus haut village d'Algérie et l'un des rares lieux du Sahara à pouvoir accueillir les touristes en plein été grâce à la douceur de son climat estival, Tazerouk ne s'est pas encore attiré les faveurs des promoteurs du tourisme. Ni celles des autorités en charge du développement des activités sportives et de loisirs pour les jeunes. Situé à 180 km au nord-est de Tamanrasset, dont la moitié attend encore d'être goudronnée, le village de Tazerouk n'attend qu'une décision politique pour amorcer son véritable développement. Pour la population et les autorités locales, le temps est venu de sortir de l'anonymat et de l'isolement dans lequel le village s'est confiné depuis sa création, il y a plusieurs siècles, par les caravaniers effectuant le troc entre le Tidikelt et le pays des noirs, «bled es-soudane». Certes, à Tazerouk, on a de l'eau courante et de l'électricité. Cette dernière énergie est fournie par la centrale électrique diesel de Ideless, la commune voisine. On a aussi quelques équipements sociaux de base comme la polyclinique, les écoles, le collège et le lycée avec leurs internats, la poste, quelques «commerces multiples» où l'on vend de tout et nombre d'autres structures à caractère social. Des logements sociaux, on en a construit beaucoup au profit de la population locale. Mais cela reste insuffisant pour une agglomération qui a été érigée en chef-lieu de daïra dans le souci de rapprocher l'administration de la population et de lancer, en conséquence, des projets de développement tenant compte des spécificités de la région. Dernièrement, les habitants de Tazerouk ont appris qu'un projet de complexe sportif pour la préparation physique des athlètes en altitude est programmé dans leur commune. Une superficie de 20 ha lui est réservée. Avec les autres projets en cours de réalisation ou programmés, la population de Tazerouk commence à croire à un avenir meilleur. Le plus haut village d'Algérie, et après ? Non, il ne s'agit pas de la hauteur d'un sommet mais du village de Tazerouk qui culmine à altitude. C'est la raison qui a poussé les habitants et les autorités à proposer la construction d'un centre d'entraînement pour les athlètes performants. Le coach Saâdane, qui avait bien raison de penser aux hauteurs du Hoggar pour la préparation de l'équipe nationale de football, trouvera ici l'endroit idéal pour entraîner ses joueurs. Les autres entraîneurs aussi pourront dès à présent inscrire le nom de Tazerouk dans leur bloc-mémo. En attendant, les habitants et les gestionnaires de la commune ne cessent de faire des efforts pour créer une animation culturelle et sportive. La création d'un conseil communal des sports obéit à cette logique. D'ailleurs, ce dernier organisme compte organiser au printemps prochain le premier tournoi sportif annuel de la ville, un événement qu'on voudrait durable, au grand bénéficie de la jeunesse locale et du sport en général. Les animateurs du comité s'activent d'ailleurs à rassembler les fonds nécessaires auprès de sponsors pour la réussite de l'événement. Quelques entreprises ont promis de l'aide, d'autres ont préféré différer leur promesse de soutien. Cela n'a pas découragé les jeunes qui espèrent un geste de la part des autorités publiques et des chefs d'entreprises nationales. Les organisateurs se sont pris suffisamment à l'avance pour ne pas avoir à subir le couac de l'été 2008 qui a fait capoter la deuxième édition du festival culturel touareg. Par manque de moyens, le festival n'a pas eu lieu, décourageant du coup toutes les bonnes volontés. Cette fois-ci, on est plutôt optimiste quant à la réussite du tournoi qui réunira près de 600 sportifs de Tazerouk et des communes environnantes. Il y aura du football, du hand-ball, du cross-country mais aussi des jeux traditionnels touaregs ainsi que des excursions sur les sites touristiques de la commune. Il y a lieu de craindre cependant le problème des moyens matériels et financiers qui risque de surgir. A moins d'un sursaut d'orgueil de la part des autorités compétentes et le soutien des nombreuses fédérations sportives nationales. Il faut dire qu'à Tazerouk, même les jeunes qui tiennent à créer des groupes musicaux ou des petits clubs sportifs ne trouvent pas les moyens les plus rudimentaires. Le président du conseil sportif, Mohamed Kerzika et son équipe ne compte que sur le mécénat et le sponsoring. * De la volonté mais point d'argent Tazerouk pourrait bien devenir un pôle touristique majeur car la commune, qui s'étend quand même sur 74 000 km⊃2;, regorge de beaux sites notamment les gravures rupestres, les sites naturels, la végétation, unique en son genre… et le mausolée de Sidi Abdellah Erregani qui reçoit chaque été la visite de milliers de visiteurs venant de toutes les régions du Hoggar et du Tassili, du Touat, du Tidikelt, voire de France, d'Espagne, d'Allemagne et d'Italie. Tazerouk est l'un des rares endroits du Sahara qu'on peut visiter en été pour la douceur de son climat. Le jour, la température n'excède pas les 30° et la nuit, elle peut descendre jusqu'à 2°. Il est impossible de passer ses nuits dehors sans duvet ou sans couvertures en laine. Mais, faute de routes bitumées menant à cette ville et d'infrastructures d'hébergement et de restauration, les habitants accueillent actuellement les touristes chez eux. Il faut dire qu'à Tazerouk, on est dans un autre monde. Un désert pas comme les autres. On y trouve, le long de l'oued éponyme, des vignes, des grenadiers, des pommiers et quantité d'autres fruits et légumes cultivés sans engrais chimiques ni pesticides. On exploite les parcelles de terre situées le long de l'oued. Chaque famille a son petit jardin qui lui permet de cultiver ses fruits et légumes. Mais peu de gens profitent de cette manne. Les agriculteurs doivent vendre cette production sur les marchés de Tamanrasset. Et pour cela, ils ne disposent pas de moyens de transport capables d'affronter la piste... En attendant, les habitants ne désespèrent pas de l'avenir et continuent, tant bien que mal, à vivre sur leur bout de terre, planté au cœur du pays touareg… L'isolement dure une dizaine de mois où la seule activité notable tourne autour des établissements de l'éducation, la petite place qui fait office de marché pour les colporteurs sétifiens et les crues de l'oued sans lesquelles la vie aurait été impossible à Tazerouk. C'est pendant l'été, durant les mois de juillet ou août, que l'on peut vraiment apprécier ce village qui accueille les visiteurs par dizaines de milliers. La population de Tazerouk organise en effet la ziara de Sidi Abdellah Reggani, le saint patron de la ville, décédé en 1982. Toutes les tribus touaregs y participent, et les visiteurs viennent de toutes les wilayas du sud. En 2007, l'APC a organisé durant la même période son premier festival culturel touareg qui devait être annuel. Bien que ce festival fut une réussite grâce à la bonne volonté des organisateurs et des participants venus de toutes part, l'APC n'a pu relancer le projet à cause de l'absence du budget pour de telles activités.