Les contractuels qui ont répondu à l'appel du conseil national des enseignants contractuels (Cnec) pour la tenue d'un sit-in devant la présidence de la République sise à El Mouradia ont été refoulés, hier, par les forces de l'ordre dépêchées sur les lieux. Un impressionnant dispositif a été mis en place pour empêcher les enseignants d'atteindre leur but. Plusieurs d'entre eux ont été tabassés par les policiers. Un enseignant venu de Mostaganem, qui s'est évanoui suite aux «coups reçus», a été évacué vers l'hôpital. Un reporter photographe du journal El Ahdath n'a pas été épargné non plus. Il a été lui aussi malmené. Dès l'arrivée des premiers contestataires, les policiers ont usé de leurs matraques pour dissuader les contractuels d'aller jusqu'au bout. Ils étaient une centaine d'enseignants venus des quatre coins du pays réclamer leur intégration et demander l'annulation du concours de recrutement. Excédés par les promesses non tenues du ministère, les contractuels sont revenus à la charge hier, après le premier sit-in du 2 novembre, empêché d'ailleurs, mais ils étaient loin d'imaginer, selon certains d'entre eux, «toute cette brutalité à notre encontre alors que nous sommes venus réclamer nos droits pacifiquement». En effet, les policiers n'ont pas hésité à bousculer, dans un premier temps, les protestataires avant d'user de leur matraque devant le refus des enseignants de rebrousser chemin. Ils ont été stoppés net dans leur progression en contrebas du siège du ministère. Un enseignant a été embarqué et relâché plus tard. Dans un brouhaha indescriptible, fait de cris et de slogans hostiles à Benbouzid, un des protestataires, un enseignant venu de Mostaganem qui s'est évanoui au milieu de ses collègues, a été roué de coups de pied par un policier zélé. Sérieusement touché, il a été évacué vers l'hôpital Mustapha pacha où il a reçu les soins nécessaires. Meriem Maârouf, porte-parole du Cnec, avec laquelle nous avons pris attache nous a confirmé que ce dernier est sorti de l'hôpital quelques heures plus tard. Un photographe du journal El Ahdath a été lui aussi passé à tabac dans l'exercice de ses fonctions. Son matériel, qui lui a été confisqué, lui a finalement été rendu. A l'heure où nous mettons sous presse, les enseignants sont toujours sur place «décidés à aller jusqu'au bout de leur action». Un groupe de contractuels composé de femmes occupe le trottoir, avenue de Pékin devant la banque BNP, sous haute surveillance policière, alors qu'un autre est «contenu» un peu plus bas, à côté du lycée Bouamama. «On n'a pas été payés depuis des années», s'indigne l'un d'eux, lors de notre passage. Une autre enseignante, les larmes aux yeux, dit ne plus croire en son pays. «Lorsqu'on a besoin de nous, on fait appel à nous puis on nous jette comme de vieilles chaussettes», explique notre interlocutrice qui a, à son actif, plus de 12 ans d'expérience. «Nous demandons l'annulation du concours de recrutement», renchérit un autre enseignant, titulaire pourtant, venu soutenir ses collègues. Devant cette détermination, la porte-parole du Cnec a pu déposer une plateforme de revendications à la présidence avant d'être reçue par le SG du ministère. Dans une déclaration au temps d'Algérie, Mme Maarouf a confirmé que les revendications des contractuels ne sont pas encore prises en charge réellement : «le SG du ministère, qui a refusé l'annulation du concours et l'intégration des contractuels, a néanmoins affirmé que nos doléances seront transmises au premier ministère et à la fonction publique.» Les 35 000 contractuels demandent, en plus de leur intégration, l'annulation du concours de recrutement qui interdit aux titulaires de licence d'enseigner au lycée, même avec un capital expérience considérable. «C'est une honte», s'exclame une enseignante qui fait remarquer qu'après tant d'années de travail, «on veut nous mettre à la rue». «nous avons aussi des enfants à faire vivre», se désole-t-elle. «la balle est dans le camp des pouvoirs publics», estime un enseignant venu de Tizi Ouzou.