Photo : Riad Par Karima Mokrani Un important dispositif sécuritaire était déployé, tôt dans la matinée d'hier, dans toutes les rues qui mènent au siège de la présidence de la République, à El Mouradia. Un rassemblement des enseignants contractuels y était prévu, à l'appel de la Coordination nationale des enseignants contractuels (CNEC), soutenue par le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (SNAPAP). Pour rappel, selon leurs représentants, près de 40 000 enseignants à travers le pays ne sont pas titulaires. Le rassemblement n'a pas eu lieu. Et pour cause ! Les premiers arrivés sur les lieux étaient vite dispersés sinon embarqués par les agents de police, alors que d'autres étaient refoulés au niveau du lycée Bouamama (ex-Descartes). Selon un infirmier bénévole du SNAPAP, 28 personnes, dont deux représentants du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), ont été interpellées : «10 à El Mouradia et 18 autres à El Harrach [siège du SNAPAP], Belouizdad et la station de bus de Tafourah.» C'est donc la troisième fois en moins d'un mois que les enseignants contractuels se voient empêchés de tenir leur rassemblement. Les portes se ferment chaque jour davantage à leur revendication, les laissant dans un profond désarroi. C'est pourquoi une cinquantaine d'entre eux recourent à la solution extrême : une grève de la faim depuis 31 jours. Leur état de santé est critique : troubles physiques et troubles neurologiques. Ils se tiennent difficilement debout, perdent toutes leurs forces physiques, mais refusent de répondre aux sollicitations de leurs proches qui leur demandent d'interrompre leur grève. «Ce sera l'intégration ou la mort», soutiennent-ils d'une voix étranglée, convaincus qu'ils finiront par obtenir gain de cause, même au prix de leur vie. Le ministre de tutelle, Boubekeur Benbouzid, campe sur ses positions, en déclarant qu'aucun enseignant ne peut être intégré sans passer le concours et le réussir. «Ce n'est pas moi, c'est la loi», a-t-il dit à plusieurs reprises. Et pourtant, tous les enseignants n'ouvrent pas droit à ce concours (les ingénieurs en sont exclus). Aussi, révèlent des enseignants, ce concours ne concerne pas toutes les spécialités et ce n'est pas chaque année qu'il est organisé par le ministère. N'est-t-il pas temps que le ministre réagisse pour régler ce problème, en privilégiant le dialogue, comme il l'a souvent soutenu.