Une semaine après avoir déclenché un mouvement de grève qui a réussi, selon eux, à paralyser tout le secteur de l'éducation, les syndicats autonomes décident à l'unanimité de reconduire leur action. Les différents conseils nationaux tenus le week-end dernier ont confirmé «la volonté de la base à aller jusqu'au bout de ses revendications». Si pour le Cnapest, le Snapest et l'Unpef, la décision de reconduire la grève de 8 jours à laquelle ils ont appelée a émané des réunions de leurs conseils nationaux, pour le Cla, le Satef et le Snapap, la décision a été prise dès le départ d'opter pour une grève illimitée. Même si des divergences sont apparues au début entre les syndicats, à propos notamment des revendications «prioritaires», il n'en demeure pas moins que ces derniers «forcés de s'unir sur un minimum vital», menacent cette fois-ci de durcir le ton et de recourir à d'autres actions de rue, tels les rassemblements au niveau des wilayas et dans la capitale. L'on évoque même le recours aux instances internationales pour la consécration des droits syndicaux bafoués, selon eux. Dans une déclaration rendue publique, le Cnapest décide de «poursuivre la grève d'une semaine reconductible automatiquement». Son conseil national qui a dénoncé par là même «les pratiques des pouvoirs publics», réuni en session ordinaire à l'effet d'évaluer la première semaine et d'étudier les modalités de sa consolidation, et tout en se félicitant de la formidable et historique mobilisation des PEST, compte renforcer la grève par des actions de protestation et d'accompagnement «dont le bureau national est mandaté pour déterminer avec les syndicats la date et la nature». M. Idir du Cla confirme, dans une déclaration au Temps d'Algérie, que des discussions dans ce sens ont lieu. «Il faut rendre la grève visible», dit-il tout en affirmant qu'une rencontre qui regroupera les différents syndicats aura lieu cette semaine pour déterminer les autres moyens de protestation. «Il s'agira probablement de rassemblements au niveau des wilayas qui seront ponctués par un rassemblement national», explique-t-il. Pour Sadali du Satef, qui estime que les pouvoirs publics se trompent lourdement s'ils tablent sur l'essoufflement du mouvement, «il ne faut pas abattre toutes nos cartes d'un seul coup». Les syndicats disposent, selon lui, d'autres instruments de revendication, tels les rassemblements et les marches. C'est aux travailleurs que revient le droit de choisir, estime pour sa part Meziane Meriane du Snapest, qui a décidé, lui aussi, ainsi que l'Unpef, de reconduire la grève de 8 jours. Dans une déclaration qu'il nous a faite, il s'est réjoui, en brossant un bilan de la première semaine de protestation, «de l'engouement sans précédent des travailleurs pour défendre leurs revendications». Il réclame dans la foulée l'ouverture d'un dialogue sérieux au lieu d'essayer de gagner du temps. Les intimidations et le recours à la justice ne font, selon Meriane, que «doper notre détermination». Le même avis est partagé par l'Unpef, qui condamne dans un communiqué les procédés d'intimidation et de provocation émanant du ministère visant à casser la dynamique de grève». Il désapprouve également «le recours systématique aux tribunaux», qu'il considère comme «abus de pouvoir». Réitérant sa volonté de défendre son statut de partenaire à part entière, l'Unpef demande aux pouvoir publics de consacrer ces droits «sans pour autant pousser au pourrissement et les syndicats au recours aux instances internationales». Il réclame lui aussi de vraies négociations et prend à témoin l'opinion publique quant à l'impasse à laquelle peut aboutir la situation. Une situation que seul l'engagement de la tutelle, estiment les syndicalistes, peut dénouer.