Membre de la délégation de la Fifa présente au Caire et directeur de la sécurité de l'instance internationale, Walter Gagg raconte avoir vu «des bris de verre et des taches de sang» sur le plancher du bus de l'équipe d'Algérie, attaquée jeudi par jets de pierres entre l'aéroport et son hôtel. M. Gagg n'a pas assisté au caillassage du bus deux jours avant le match décisif entre l'Egypte et l'Algérie pour la qualification au Mondial 2010, mais a immédiatement recueilli les éléments factuels pour rédiger le rapport de la Fifa sur l'incident. «Nous étions à l'aéroport et nous l'avions quitté quand l'équipe d'Algérie est montée dans son bus», commence M. Gagg. «L'hôtel se trouve à 400-500 mètres à vol d'oiseau. Nous n'avons pas pu voir ce qui s'est passé derrière nous.» «Le président de la fédération algérienne nous a appelés pour nous dire qu'il se passait quelque chose et qu'il y avait des joueurs blessés», poursuit-il. «A l'hôtel, nous avons constaté que le bus devant l'hôtel était dans un très mauvais état, avec toutes les vitres cassées et sur le plancher des bris de verre et des taches de sang.» «Nous sommes montés au 4e étage pour voir la délégation algérienne», continue le représentant de la Fifa. «Nous avons constaté que trois joueurs avaient été blessés : Kaled Lemmouchia au cuir chevelu, Rafik Halliche au-dessus de l'œil, à l'arcade sourcilière, et Rafik Saïfi au bras. L'entraîneur des gardiens a été commotionné.» «Ils ont été soignés par le médecin de l'équipe nationale. On ne peut pas parler de blessés superficiels. Avec les points de suture, il faut voir si ces joueurs peuvent jouer de la tête. Le médecin doit encore se prononcer», précise-t-il. Entretien Moubarak-Bouteflika Après l'incident, la délégation de la Fifa enchaîne les réunions avec des responsables de la fédération égyptienne et de la délégation algérienne. Même les deux présidents de la République, l'Egyptien Hosni Moubarak et l'Algérien Abdelaziz Bouteflika, s'entretiennent au téléphone, selon M. Gagg. Hassan Sakr, le président du Conseil national du sport égyptien (équivalent du ministère de la Jeunesse et des Sports), arrive à l'hôtel et la discussion «dure jusqu'à minuit» avec les représentants de la Fifa qui retournent ensuite auprès des joueurs algériens. «On voulait que la délégation algérienne ne quitte pas Le Caire pour que le match puisse se tenir, explique Walter Gagg. Nous les avons quittés à deux heures du matin, puis avons envoyé notre rapport» à la Fifa. «La fédération algérienne nous a demandé qu'à chaque déplacement de son équipe il y ait une délégation de la Fifa, ce que nous lui avons accordé», a ajouté M. Gagg. «Les joueurs ont eu peur, ils étaient terrorisés.» Le représentant déplore que «deux pays frères, partageant une culture, une langue, une religion» connaissent ce genre d'incidents. Présent au match aller à Blida, le 7 juin, il se souvient qu'il y avait eu «des feux d'artifice avant, pendant et après le match, mais pas de problèmes, ça s'était bien passé».