Au stade du Caire, le onze algérien, aux qualités sportives indiscutables, aux valeurs morales irréprochables, à la retenue exemplaire, au patriotisme hors du commun, a joué un match à très haut risque contre trois adversaires. Contre le onze égyptien qui n'est pas un foudre de guerre. Ce n'est pas devant cet adversaire qu'il a perdu samedi. Loin de là. Contre la rue avec ses millions de loubards lâchés, pour la circonstance, contre nos joueurs et nos supporters, avant comme après le match. Contre une presse au chauvinisme bien levantin, chauvine et effrontément menteuse, et ce n'est pas là son moindre défaut, aux ordres de l'administration locale, le vrai chef d'orchestre de cette mise à mort planifiée. Dans la capitale égyptienne, on pouvait craindre, certes, des dépassements, en soi logiques dans pareille compétition. Jamais, cependant, on a pu imaginer qu'ils atteindraient une telle dimension de violence, avec une telle dose de haine. L'Egypte a lâché à dessein ses loubards pour remporter ce match dans la rue qu'elle savait n'avoir aucune chance de gagner sur le terrain sportif. Contre nos étoiles qui n'ont pas à rougir d'une défaite dans un tel environnement qu'aucune autre équipe nationale étrangère, fut-elle la meilleure du monde, n'aurait pu éviter. Ils se sont battus comme des lions. Toute l'Algérie en est fière et leur restera fidèle. Ils ont prouvé qu'ils étaient nettement supérieurs à leurs adversaires au stade infernal du Caire. Ils ne pouvaient pas l'être face à des millions de loubards déchaînés contre tout ce qui est algérien et bien escortés par la police. Non, ce match ne s'est pas joué sur un terrain de foot contre onze autres joueurs, dans un environnement sécurisé comme la Fifa aurait dû l'exiger sans jamais hésiter à prendre les sanctions qui s'imposaient contre un Etat dans la responsabilité n'est pas à démontrer dans les graves incidents du Caire. Le lynchage de nos compatriotes, avant comme après le match. Mohamed Raouraoua, Rabah Saâdane, le staff technique de l'EN, tous les joueurs et les glorieux supporters qui ont tenu à vivre avec eux l'enfer du Caire, et ils seront 20 000 à les suivre à Khartoum, ont rempli avec bravoure leur mission. Une qualification pour l'Afrique du Sud serait une juste récompense d'un remarquable travail de redressement du foot en Algérie. Notre pays figure, aujourd'hui, selon le classement de la Fifa, parmi les trente meilleures équipes du monde. Au regard du travail qui se fait sous la conduite de Saâdane, cette place sera, sans doute, améliorée parce que nous avons une équipe jeune, disciplinée et motivée. Ces qualités, elle les fera valoir, demain, à Khartoum où l'ambiance ne sera plus celle du Caire. Loin de là. 20 000 supporters algériens sont annoncés à Khartoum, grâce au geste fraternel des autorités soudanaises de leur délivrer des visas sur place. On ne peut dire autant des autorités égyptiennes qui ont usé des subterfuges les plus vils - de la délivrance du visa aux fraudes sur les prix des places réservées aux Algériens. Saâdane et son équipe peuvent être rassurés. Quelle que soit l'issue de la rencontre de mercredi, ils resteront des héros pour tous leurs compatriotes qui n'ont pas cessé, un seul instant, de partager, avec eux, leurs joies et leur peines, leur sentiment patriotique. Les rues d'Alger, d'Oran, de Constantine, de Tizi, des plus petites localités du pays sont impatientes de les accueillir, à leur retour à Alger, comme ils le méritent. Comme des héros.