«Le 14 novembre, il y aura 11 nouveaux Martyrs algériens» L'espoir, aussi mince soit-il, de voir le ton baisser d'un cran entre les deux camps, algérien et égyptien, à l'approche du très attendu Egypte-Algérie du 14 novembre s'est littéralement étiolé. La guéguerre médiatico-médiatique que se livrent les deux peuples depuis plus d'un mois maintenant a cédé la place au Caire à une animosité hostile à tout ce qui est algérien. C'est le triste constat auquel nous sommes parvenus lorsque nous sommes allés prendre le pouls de la rue égyptienne à quelque dix jours du big match. De la sensibilité à fleur de peu, les relations entre les deux pays se sont considérablement dégradées ces derniers jours par la faute d'irresponsables, des deux parties cela s'entend, qui ont fait d'un banal match de foot (si ! si ! c'en est un) des préparatifs aux obsèques, pour ainsi dire, des relations algéro-égyptiennes en matière de football. Et il ne s'agit nullement ici d'exagérer la chose pour en rajouter une couche, tel que pourraient le croire certains esprits mal tournés. Les caricatures de joueurs égyptiens assis sur onze tombes algériennes placardées un peu partout au Caire sont là pour nous rappeler la triste réalité de ce à quoi risquerait de ressembler le rendez-vous du 14 novembre. «Le nombre de martyrs algériens va augmenter de onze ce 14 novembre», argumentait-on avec une pointe d'humour à deux livres sur les fameuses caricatures, comme pour dire que la pression risque d'être à son paroxysme au Caïro-Stadium dans dix jours. Les fleurs de la réconciliation sont fanées Les fleurs que voulaient tendre certains modérés égyptiens, soucieux d'apaiser les esprits à la veille du match, se sont fanées depuis que Samir Zaher, le ci-devant président de la fédération égyptienne a tendu sa langue fielleuse pour dire au peuple égyptien de faire ce qu'il veut des Algériens (sic). Un coup de massue qui est venu assommer définitivement les relations entre les deux pays, déjà fragilisées par les attaques sans retenue aucune des frères Hassan, d'Al Ghandour et de Medhat Chalabi. Celui-ci dont l'émission diffusée sur Modern Sport se nourrit exclusivement de polémique a torpillé toute initiative œuvrant à concilier les esprits et apaiser le ton, par le choix des reportages qu'il diffusait, comme par exemple celui montrant trois jeunes Algériens irresponsables mettant le feu au maillot égyptien à la fin du match aller à Blida pour les présenter au peuple égyptien comme une preuve édifiante du ressentiment algérien à tout ce qui est égyptien. L'histoire est là pour retenir que des hommes de cette espèce n'ont rien fait pour dépassionner les débats, si par malheur, le ciel venait à tomber sur Le Caire et que les pyramides vacillent le 14 novembre prochain. Et qu'ils ne viennent surtout pas prêcher la bonne parole après avoir donné du grain à moudre par des tonnes à ceux qui se nourrissent de polémique. Une hostilité à fleur de peau L'hostilité à tout ce qui est algérien au Caire, nous l'avons effleurée de la main et sentie à plein nez au Caire lorsque le simple fait de décliner notre identité à un simple serveur de café ou à un chauffeur de taxi suffisait à le faire sortir de ses gonds et pendre sa langue pour nous dire tout le «bien» qu'il pense des Algériens à qui on en veut visiblement à mort d'avoir commis le crime de lèse-majesté d'oser brûler le maillot égyptien. Il semble clair qu'au Caire, on n'est pas près de pardonner cette agression caractérisée, disait-on, au symbole égyptien. Aujourd'hui, la tension a atteint son point culminant au point de faire dire à certains, pour ne pas dire d'aucuns, que la rencontre ne risque pas de se dérouler dans le calme. Et là, on est, de l'avis du simple citoyen, bien loin de l'enjeu médiatico-mercantile des chaînes de télévision égyptiennes ou encore des discours démesurés de Zaher, soucieux lui aussi de défendre son «koursi». C'est la parole, d'un citoyen comme vous et moi, d'un supporter qui ira au stade du Caire le 14 novembre pour supporter bec et ongles l'équipe de son pays face à l'Algérie. Une guéguerre médiatique aux dessous mercantiles La genèse de la guéguerre algéro-égyptienne ne date pas d'hier. Les jeunes et les moins jeunes sont venus au monde et ont grandi avec l'idée reçue qu'entre l'Algérie est le frère ennemi de l'Egypte lorsqu'il est question de foot ! (Encore heureux…). Mais il faut dire que le fossé séparant les deux galeries s'est profondément creusé à l'approche de ce match décisif pour la qualification au Mondial 2010, rendue une question de vie ou de mort par une guerre acharnée que se livrent dans le secret les chaînes de télévision égyptiennes à but purement mercantile. La preuve nous est donnée par la concurrence acharnée qui existe entre les trois chaînes Al Hayat, d'un côté, et Dream et Modern Sport, de l'autre. Ainsi, lorsque Al Hayat avait pris l'initiative de jouer les réconciliateurs en lançant son slogan «Une rose pour chaque Algérien», Modern Sport et Dream se sont dépêchées de torpiller l'initiative en gavant leurs téléspectateurs d'images de deux jeunes Algériens (nous en parlions ci-dessus) brûler le maillot égyptien et de commentaires incendiaires de personnalités sportives, sciemment choisies tels Al Ghendour et les frères Hassan, connus pour leurs discours jamais modérés, à la limite haineux. C'est ainsi, par le simple souci d'augmenter leur audimat et par ricochet leurs rentes, ces deux chaînes de télévision ont sciemment prêché la haine avant cet Egypte-Algérie. Que le Sphinx perde la face ! Que le Sphinx déjà amoché perde la face ! Que les Pyramides dont il est le gardien vacillent ! Que Oum Al Dounya pleure ses rejetons à chaudes larmes, l'EN ira au Caire, jouera son match et advienne que pourra ! L'équipe d'Algérie a déjà tout gagné. Le respect, l'amour et la ferveur. Après, celui qui accuse l'autre de pires maux n'en est pas moins chevaleresque lorsqu'il se met à verser dans les mêmes pratiques qu'il dit pourtant dénoncer. L'Algérie ira jouer un match de foot et fera la fête au Caire si par bonheur la qualif' vient au bout. Nos joueurs sauront faire fi des sifflets et autres quolibets qui vont fuser comme s'il en pleuvait des travées du Caïro-Stadium. Oui ! Nos joueurs ne comprennent pas ce langage-là. Le match, c'est sur le terrain qu'il se jouera. Et là, chacun n'aura que son talent et ses crampons pour faire la différence. Libre après aux souffleurs de pipeau de chauffer le bendir jusqu'à le trouer. A moins qu'il ne le soit déjà. De notre envoyé spécial au Caire : Chouaïb K.