Les rues de Constantine, qui étaient désertes durant la retransmission du match à la télévision, ont été envahies par les supporters la seconde qui a suivi le coup de sifflet final. Constantine n'a pas dormi dans la nuit de mercredi à jeudi. Des youyous et des cris de joie sont venus interrompre le calme et l'angoisse vécus durant toute la semaine. L'allégresse qui s'est emparée de la ville est allée crescendo à mesure que débarquaient des supporters venus de toutes les communes. Femmes, hommes, enfants et personnes âgées, tout le monde dansait et chantait : «One, two, three, viva l'Algérie». Les rues et artères de Constantine ont vécu ce mercredi soir une ambiance de jubilation et de liesse indescriptibles. Fumigènes, feux de détresse allumés et klaxons incessants, des files de voitures défilaient. Descendant la rue Kennedy avant de déboucher sur la place de la Brèche, via la place de la Pyramide et la rue Abane Ramdane, des jeunes hommes et des jeunes filles portaient des drapeaux et chantaient l'hymne national. C'est une première à Constantine car ce genre de manifestation était réservé, jusque-là, aux hommes. Mais cette fois, le conservatisme a cédé sa place à l'euphorie et des familles entières ont défilé dans les rues. «Ce bonheur m'a fait rappeler le jour de l'indépendance où tout le monde est sorti dans la rue», témoigne el hadja Zhor, âgée de 75ans qui dansait et criait «on a gagné». Il faut dire que la fête avait commencé avant la fin du match, tout de suite après le but d'Antar Yahia qui a libéré les algériens. Les jeunes ont préféré suivre la rencontre dans la rue puisque des écrans géants ont été placés un peu partout en ville. Le passage des cortèges ne laissait pas indifférents les habitants des immeubles qui bordent les artères et qui, à leur tour, à mesure que le cortège progressait, d'autres automobilistes se sont mêlés à l'ambiance, créant une file interminable. Ces scènes de joie étaient vécues partout à travers les 12 communes où les citoyens avaient choisi de fêter la victoire des verts en rythme puisque des D.J. ont fait vibrer toute la population.