A quelques jours de la fête de l'Aïd El Adha, les trottoirs et les artères principales de la ville sont submergés par les étals des vendeurs de jouets, comme c'est le cas à l'orée de chaque fête religieuse. Aucun espace n'est ménagé par les vendeurs à la «sauvette» pour étaler leurs marchandises. A la sauvette serait dans ce cas impropre, puisque ces vendeurs ne se sauvent plus et ne sont inquiétés par personne. Ce squat, notamment au centre-ville et la rue Lamali, a engendré un débordement des trottoirs et une anarchie qui a transformé la ville en grand souk, ce qui a contraint les piétons à marcher à même la chaussée. Certains habitants de la capitale du Djurdjura n'ont pas hésité à dénoncer le laxisme des autorités locales. «C'est un véritable harcèlement pour la ville et son organisation, ce n'est pas normal de laisser le marché informel prendre ces proportions aux dépens des commerçants qui exercent dans la légalité, il faut que l'Etat agisse», nous déclare un commerçant du centre-ville. D'énormes quantités de jouets, généralement, pour ne pas dire tous, fabriqués en Chine, sont étalées sur les trottoirs qui changent de vocation. En outre, en dépit de leur qualité qui laisse à désirer, les prix affichés sont jugés onéreux. De petits jouets, des gadgets, sont proposés à 400 DA, certains ont atteint 3000 DA, avons-nous constaté sur les lieux. En revanche, selon l'un des vendeurs que nous avons accostés, contrairement à l'aïd précédent, cette fois-ci les clients n'ont pas affiché un grand intérêt. «Le mouton a volé la vedette à tout le reste», ironise-t-il. Questionné sur son activité exercée illégalement, ce vendeur à la sauvette n'a pas hésité à le reconnaître. «Je suis père de famille. J'ai trois enfants et je ne travaille pas. C'est mon gagne-pain. Qu'on me donne un job et vous ne me verrez plus ici, je suis fatigué de trimer dans les chantiers pour un salaire journalier de 400 DA sans aucune couverture sociale», justifie Rabah. Entre-temps, la ville fait fuir les plus téméraires. Même les moutons sont parqués à certains endroits en ville. Là où il y a le moindre espace vert, plus particulièrement à la nouvelle ville, ils sont «squattés» par les maquignons. Quant aux prix, ils sont tout simplement astronomiques. Ils vont de 25 000 à 40 000 DA et plus pour les béliers.