Les différents programmes liés à l'habitat et au logement, notamment le logement social participatif, le logement social, l'habitat rural, ont généré une forte tension sur le ciment, matériau indispensable pour mener à bien l'ensemble de ces projets. La demande qui dépasse de loin l'offre a donné lieu à une situation inextricable. Le prix du ciment grimpe de jour en jour. Il connaît une courbe ascendante que rien ne semble freiner. Résultat : plusieurs chantiers, notamment ceux des privés, sont tout simplement à l'arrêt en attendant des jours meilleurs. Le ciment se vend ces jours-ci à 1400 DA/q. Pourtant, son prix fixe est de 680 DA au niveau de l'unité ERCC non loin de Oued Aïssi, sur le territoire de la commune de Tizi Rached. Il suffit de faire un tour à cette unité pour comprendre la pression qui s'exerce sur ce matériau. Un nombre incalculable de camions attendent à longueur de journée le chargement de ces hypothétiques sacs de ciment. Ce n'est pas que l'unité n'est pas approvisionnée mais c'est la demande qui frise l'insensé, nous affirme-t-on. Nombreux sont ceux qui reviennent bredouille. Les particuliers ne savent plus où donner de la tête. «D'abord, pour prétendre à obtenir quelques quintaux, il faut présenter un permis de construction. Soit», nous dira Fouad B. avant d'ajouter : «Une fois le papier en main, vous êtes dirigé vers la programmation. Là, c'est une toute autre histoire. On vous programme sans problème. Mais vous devez attendre votre tour parfois plus de trois ou quatre mois.» Où est donc le problème ? Les entrepreneurs et autres entreprises publiques sont servis en priorité. Ajoutez à cela les vendeurs des matériaux de construction qui font main-basse sur les quantités restantes. De 1000 à 1400 DA/q A ce prix, vous pouvez vous procurer du ciment n'importe où et n'importe quand. Sur la route de Oued Aïssi justement, il existe plusieurs «points de vente». On nous apprend que ce commerce juteux est sujet à une terrible spéculation. Des bons de livraison se vendent comme des petits pains. Le négoce fait florès. Il faut d'abord avoir des «tuyaux» et le tour est joué. C'est donc toute une chaîne pour ne pas dire un réseau qui a aggravé une situation déjà complexe. Le prix du quintal varie entre 1000 et 1400 DA. Pourquoi cette différence qui constitue le double du prix réel ? On nous informe que c'est le ciment produit à Sour El Ghozlane (Bouira) et M'sila qui coûte cher pour sa bonne qualité. Il est donc beaucoup plus demandé que celui produit à Meftah ou à Chlef. En l'absence de toute mesure dissuasive, le commerce fait florès. Le ciment est entre les mains d'une poignée de gros spéculateurs et il n'est pas exclu à ce que le produit soit vendu deux ou trois fois avant d'arriver dans un petit chantier. Il s'agit là d'importantes sommes d'argent à brasser en toute impunité. Le ciment est aujourd'hui au centre d'actions de spéculation, de passe-droits, de trafic. Les constructeurs eux payent rubis sur l'ongle et sans rechigner. Plusieurs constructions, notamment celles appartenant à des particuliers et surtout celles réalisées dans le cadre du programme d'aide à l'habitat rural, sont à l'arrêt. Les bénéficiaires ne peuvent pas se permettre le luxe de s'offrir un quintal de ciment à 1400 DA. La crise s'installe confortablement et c'est le domaine de l'habitat qui en pâti. Entre temps, les spéculateurs s'enrichissent sur le dos de l'Etat qui semble ankylosé face à ce phénomène bien ancré dans les mœurs.