La problématique du logement à Tizi Ouzou s'est toujours posée avec acuité. En plus, elle se complique davantage malgré tous les programmes lancés ces dernières années pour résorber un tant soit peu le manque en la matière. Au fil des années, le nombre de demandeurs ne cesse d'augmenter de manière exponentielle, alors que l'offre reste en dessous de la demande. Tous les programmes lancés, qu'ils soient dans le cadre de l'habitat rural, du logement social participatif (LSP), du logement social locatif ou de l'AADL, le tableau ne prête guère à une baisse de la tension. Bien au contraire. Le logement est considéré comme une véritable bombe à retardement qui risque d'éclater à la figure des autorités d'un moment à l'autre. Il est même à l'origine de plusieurs mouvements de contestation parfois violents. A chaque attribution de logements, la colère des demandeurs recalés éclate sur la place publique. Contestations des attributions, accusations de passe-droits, de favoritisme, pluie de recours, blocages de routes et de sièges d'APC, et la liste est longue. En effet, on ne se souvient pas d'avoir assisté à une quelconque attribution dans le calme. Le logement social reste le programme le plus contesté dans le domaine. En plus de la complexité des critères d'attribution, les programmes de réalisation connaissent des retards monstres. Les commissions de daïra auxquelles échoit la délicate mission d'attribution sont débordées par le volume des demandes. Elles doivent veiller au respect des conditions d'attribution, des modalités de traitement des dossiers, des critères et des barèmes de cotation... Sont exclus les citoyens dont le revenu mensuel dépasse les 24 000 DA, ceux ayant déjà bénéficié d'un logement public locatif, les propriétaires d'un lot de terrain, ceux possédant en toute propriété un bien immobilier à usage d'habitation et les personnes ayant bénéficié de l'aide de l'Etat pour l'achat ou la construction d'un logement. Dans certains cas, nous assistons à des contestations qui remettent en cause le non-respect d'un ou de plusieurs de ces critères. C'est pourquoi certains demandeurs ayant déposé leurs dossiers depuis plusieurs années parlent de favoritisme. Dans le domaine du logement en général, la wilaya de Tizi Ouzou enregistre un retard énorme. C'est le cas de l'habitat rural. Sur les 20 050 aides octroyées à cette wilaya depuis 2004, seules 3091 unités ont été achevées à la fin de l'année 2007, soit un taux de 15,42% seulement, selon le rapport de la direction du logement et de l'équipement public de wilaya (Dlep) lors du dernier conseil de wilaya réservé à cet épineux dossier. Même à ce niveau, les prétendants parlent d'entraves bureaucratiques, tout en sachant que le nombre de demandeurs dépasse de loin l'offre. 31 220 demandes d'aide au total ont été enregistrées au niveau de la CNL, avons-nous appris. Le programme LSP, pour sa part, traîne la patte. Sur un programme global de 8042 logements projetés entre 2004 et 2008, il n'y a que 1407 unités qui ont été achevées. Les entraves sont légion, plus particulièrement celles liées au foncier. Ainsi, la wilaya de Tizi Ouzou reste loin des aspirations citoyennes en la matière, et pour satisfaire la demande, elle a besoin d'un véritable plan Marshall. En attendant, l'attribution des logements continuera d'être une source de contestation qui creuse encore plus le fossé entre les responsables locaux et les administrés. A rappeler aussi que dans la wilaya de Tizi Ouzou, le phénomène du squat de logements a atteint des proportions alarmantes. Plus de 1000 logements sociaux sont squattés dans certaines localités depuis 2001. Ce phénomène constitue une poudrière.