Sept familles se retrouvent sans toit depuis que les feux ont ravagé leurs appartements mardi matin. L'accident a été causé par un poteau électrique de haute tension qui a fait un retour d'énergie dans les maisons. «Je rassure les habitants que nous allons prendre les mesures nécessaires», a déclaré le président de l'APC au Temps d'Algérie. «Jusqu'à quand ?», c'est le cri de détresse de Nasser qui a assisté, impuissant devant les flammes qui ont ravagé sa modeste maison à El Madania. «Il ne reste plus rien ; tout a été brûlé, je reviens désormais à la case départ, où est l'Etat ? Ramenez-moi le P/APC, ça a trop duré». Et le jeune père de famille s'écroule par terre sous le choc. Visiter l'intérieur des maisons calcinées n'a pas été facile, vu les débris et le risque qui planait sur nos têtes. «Faites attention aux murs, ne les touchez pas avec vos mains, ils sont électrifiés», nous lance Rafik, un voisin des victimes. Pour rappel, l'incident s'est déclenché mardi matin, lorsque un poteau électrique de haute tension a fait un retour d'énergie dans ces maisons. «Des étincelles fusaient des maisons comme des feux d'artifices et soudain nous avons entendu une détonation. Tout a explosé ensuite «, explique Amine. Les murs sont tombés, le sol s'est affaissé, le toit s'est écroulé et l'ensemble des meubles brûlés. Il ne reste ni armoires, ni télévisions, ni literies… tout a été calciné, ravagé par les flammes. L'image est terrifiante, les langues de feu n'ont pu être maitrisées par les voisins qui acheminaient des sceaux d'eau. «La Protection civile est arrivée en retard», nous fait savoir Amine. Retour sur les lieux du drame L'accident a fait 4 blessés dont l'épouse de Nasser qui s'en est sortie avec des brûlures au 2e degré ainsi que trois autres personnes dont un enfant de 5 ans. Nasser, après avoir recouvré ses esprits, a bien voulu nous éclairer sur ce dramatique incident : «Je suis parti tôt ce matin au travail quand on m'a appelé vers 9h30 pour m'annoncer la triste nouvelle. J'arrive chez moi et je ne reconnais plus les lieux, ma vie est partie en fumée. On m'a informé que ma femme est évacuée à l'hôpital et mes enfants sont chez les voisins». Un détail très important est dévoilé par cette victime : «Nous avons alerté les services de la mairie sur ce risque et nous avons alerté aussi Sonelgaz. Mais rien n'y fait et voilà le résultat devant vous». Les victimes de l'accident ont barré la route menant vers la rue Mustapha Serrir et au marché de Salembier. La raison : «On exige la présence immédiate du président de l'APC, c'est lui qui a donné gracieusement les logements qui nous étaient destinés à ses connaissances. Qu'il assume ses responsabilités maintenant». Faut-il attendre mort d'homme pour réagir ? Vers 11h, le président de l'APC arrive sous escorte, par peur de représailles. Il est accueilli par les habitants qui l'ont invité à constater de ses propres yeux les dégâts occasionnés à cause d'une «erreur humaine». Une fois à l'intérieur des maisons, le maire est abordé par des femmes qui lui crient leur ras-le-bol : «Vous nous avez oublié monsieur le maire. Notre cri de détresse est pourtant réel mais vous ne l'avez pas pris en considération. Qu'allons-nous faire maintenant ?». Les réponses du maire étaient vagues : «Patience, patience on va trouver une solution !». Les éléments de la police scientifique, qui étaient déjà sur les lieux dès les premières heures de l'incident, ont expliqué au premier responsable de la localité les causes de ce sinistre. Ils ont dressé un état des lieux sur les dégâts occasionnés, mais surtout le risque permanent qui guette la cité. Là encore, il faut rappeler que des demandes de logements décents ont été formulées par les habitants de la cité. En vain. Après sa visite sur les lieux du sinistre, le P/APC d'El Madania a déclaré ceci au Temps d'Algérie : «Nous avons effectivement été destinataires de plusieurs courriers dans ce sens et nous étions justement en train d'étudier ce cas. Mais je rassure les habitants que nous allons prendre les mesures nécessaires pour cela». A propos des rapports élaborés par des experts sur le problème posé par ces habitations, le maire confirme avoir reçu des rapports détaillés sur la situation mais, avoue-t-il, «je n'y peux rien. Je demande aux habitants de patienter et à la presse de nous aider à calmer les esprits». Les propos n'ont pas beaucoup plu aux victimes de l'accident qui disent en outre s'acquitter régulièrement de leurs factures d'électricité. Le plus malheureux, c'est que ce drame survient à la veille d'une fête religieuse, faussant tous les projets des sept familles qui se retrouvent sans toit.