Au moment où l'on croyait à Alger que le différend artificiel algéro-égyptien s'était quelque peu estompé, voilà qu'une sortie du président de la fédération de football d'Egypte, le nommé Samir Zaher, tente d'assombrir le ciel dans les relations bilatérales. En effet, ce responsable qui nage dans le flou et qui continue de ruminer sa vengeance contre l'Algérie , dont le onze national l'a privé, en éliminant celui de son pays, de privilèges certains, a décidé, certainement sous des injonctions venues d'en haut, de se retirer d'un congrès du football arabe qui se déroule actuellement en Arabie Saoudite au motif que l'Algérie y prend part. Ce responsable s'est pourtant rendu en Arabie Saoudite en sachant pertinemment que son vis-à-vis algérien, Mohamed Raouraoua, y était, et qui plus est, en tant que vice-président de l'Union arabe du football. De plus, c'est ce même Raouraoua qui a préparé ce congrès auquel l'Egyptien, mauvais perdant, était invité, à l'instar de l'ensemble des responsables des 22 pays arabes du football. Dans sa débandade, Zaher se rétracte et décide de renter au Caire, avant de pondre un communiqué expliquant «le boycottage» par son instance de ce rendez-vous, au grand dam des responsables sportifs et politiques du pays hôte, l'Arabie Saoudite. Les ressentiments ne sont pas encore rangés Dans sa justification tirée par les cheveux, Zaher fait savoir qu'il «s'excusait de ne pas assister à ce congrès du fait de la présence du responsable algérien, dont il ignorait la venue à Riyad». Il reproche dans son texte «les agressions contre le public égyptien à Khartoum par les supporters algériens et dont Raouraoua, selon lui, était l'instigateur». Il reproche enfin à Raouraoua ne pas avoir présenté des excuses officielles pour tout cela ! Cela s'appelle de la mauvaise foi, puisque ce personnage savait qui a préparé la rencontre. Toujours dans sa justification qui ne convainc personne, il fait savoir qu'il n'assistera pas à la finale de la coupe du monde des clubs, qui se déroule aux Emirats arabes unis, et s'en passera «de l'initiative prise par l'union émiratie du football consistant à organiser une rencontre de football ente l'Algérie et l'Egypte en guise de réconciliation entre les deux pays». Cette sortie a jeté dans l'émoi les médias égyptiens eux-mêmes. En effet, beaucoup de chaînes de télévision privées en Egypte, qui n'ont pas encore rangé leur ressentiment envers l'Algérie, s'étonnent du départ à Riyad de Zaher et de son retour le lendemain, en sachant que son homologue algérien s'y trouvait. Du reste, n'étant pas dans les bonnes grâces des médias dans son pays, à l'heure qu'il est, l'un des journalistes de la chaîne Al Hayat a même demandé l'ouverture d'une enquête sur cette affaire, proposant que les frais de transport de la délégation égyptienne partie en Arabie Saoudite et revenue le lendemain, soient déboursés de la poche du président de la fédération. Il est reproché à Zaher d'être à l'origine de l'élimination des Pharaons du Mondial sud-africain, et beaucoup demandent qu'il vienne s'expliquer sur cet échec devant les médias. Cela dit, et alors qu'on parle de temps en temps en Egypte d'apaisement entre Alger et Le Caire, la sortie de ce personnage s'apparente à un nouveau grain de sel à même de pousser à l'escalade. Parce qu'on imagine mal un simple responsable du football égyptien prendre des décisions politiques comme celle qu'il vient de prendre, mettant non seulement dans l'embarras l'Algérie, mais aussi l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. L'hommage à Raouraoua de ses pairs arabes Il faut signaler qu'à l'ouverture du congrès de l'Union arabe de football, son président saoudien, l'émir Soltane Ibn Abdelaziz, a félicité M. Raouraoua pour le succès des préparatifs de la rencontre, ainsi que le onze national algérien pour sa qualification au Mondial sud-africain, tout en souhaitant qu'il y représentera dignement le monde arabe. C'est peut-être cet hommage, du reste fort mérité, à l'Algérie que Zaher ne voulait pas entendre, engoncé qu'il est dans son ressentiment. Or personne en Egypte dans les sphères politiques n'a encore réagi à ces faits graves. La sortie de Zaher a coïncidé avec une déclaration du président du parlement égyptien, Fathi Sourour, réitérant la qualité des relations historiques entre l'Algérie et son pays et qu'il ne fallait pas écorner à cause d'un match de football. Du reste, il a rappelé que le rapport d'enquête sur le déroulement des deux matches entre les équipes des deux pays, que devait rendre public son institution, était en révision pour corriger certaines allégations. On en saura une fois publié, si jamais il le sera ! Il est cependant sûr que ce rapport ne manquera pas d'égratigner les responsables du football égyptien, lesquels par leurs comportements indécents et leur course effrénée vers la qualification ont porté atteinte non seulement à leur pays, mais aussi aux bonnes relations entre l'Algérie et l'Egypte. Le mea culpa de Adel Imam Dans la foulée des mea culpa, c'est au tour de l'artiste égyptien Adel Imam de se repentir indirectement de ses propos très peu amènes, prononcés contre l'Algérie, au moment où toute l'Egypte était en effervescence. Cet artiste vient de lancer un appel repris par l'agence égyptienne de presse, dans lequel il invite les peuples égyptien et algérien, depuis le siège de la Ligue arabe au Caire, à «mettre fin à l'animosité née d'un match de football, et de se souvenir de la glorieuse histoire commune qui les lie». Adel Imam a même avoué avoir demandé aux responsables du football de son pays, peu avant le premier match entre les deux équipes, d'aller saluer les joueurs algériens et le public algérien présent au stade du Caire, dans l'intention d'apaiser la tension, mais l'initiative lui a été refusée. Imam a ajouté combien il savait le respect que lui voue les Algériens, se rappelant avoir été reçu par le président Bouteflika à Alger lors d'un festival de théâtre. Quelle mouche avait donc piqué cet artiste pour s'être laissé aller à des invectives contre ce peuple qui le respectait tant ? Cela signalé, il faut également relever cette sortie très récente du doyen des avocats égyptiens, lors d'une réunion de l'union des avocats arabes tenue à Damas, et lors de laquelle il a nié totalement que ses pairs soient parmi les nervis qui ont incendié le drapeau algérien devant le siège de l'organisation égyptienne du barreau. Revirements Il répondait au réquisitoire de son vis-à-vis algérien, qui rappelait ce fait gravissime et qui demandait à l'union de rendre publique une déclaration appelant à ce qu'aucun drapeau de pays arabe ne soit plus jamais brûlé. Pour le doyen égyptien, aucun membre du barreau égyptien n'avait pris part à cette action, qui était le fait de jeunes gens en colère et qui ne représentaient pas la majorité des Egyptiens ! C'est là un mea culpa, mais qui aurait dû être complet s'il avait présenté de simples excuses. Dans le lot des revirements, il y a aussi cette annonce d'un responsable du groupe égyptien Orascom, selon laquelle les bénéfices réalisés par le groupe ces derniers temps, évalués à 800 millions de dollars, vont servir à payer les impôts des entreprises installées en Algérie. Le fisc algérien a réclamé un redressement de près de 600 millions de dollars à ce groupe qui a, au départ, rué dans les brancards. Aujourd'hui, il revient à de meilleurs sentiments en reconnaissant la dette, et c'est tant mieux pour tout le monde. Il faut dire qu'en Egypte, des ressortissants algériens continuent de subir des misères, et pour l'heure, les responsables dans ce pays restent avares de déclarations publiques d'apaisement, au moment où ils ne cessent de s'inquiéter de la situation de leurs ressortissants en Algérie. Et puis qu'attendent-ils pour renvoyer à son poste, à Alger, l'ambassadeur égyptien ?