Les Américains sont-ils guettés par une épidémie de cancers induits par leur usage intensif des scanners médicaux ? C'est ce que suggèrent deux articles publiés conjointement dans la revue médicale Archives of Internal Medicine. Les scanners, qui permettent de visualiser tissus et organes grâce à un balayage aux rayons X et à une reconstruction informatique, sont de plus en plus utilisés. Mais les irradiations qu'ils entraînent pourraient dans les décennies à venir avoir de lourdes conséquences de santé publique, selon des chercheurs de l'Institut national du cancer (Bethesda). En utilisant un modèle mathématique, ils ont calculé que les 70 millions de scanners effectués en 2007 aux États-Unis pourraient conduire à 29 000 cas supplémentaires de cancers dans ce pays. Les examens pratiqués entre 35 et 54 ans seraient à l'origine d'un tiers d'entre eux, ceux effectués avant l'âge de 18 ans, à 15%. L'autre étude, menée dans quatre hôpitaux de Californie, conclut que pour un examen donné, les doses de radiations délivrées par un appareil peuvent varier d'un facteur 1 à 13 selon les établissements. Le risque de cancer induit par les scanners dépend aussi de l'âge et du sexe du patient, et du type d'examen, précisent les auteurs. Ainsi, selon eux, une femme de 40 ans sur 270 développera une tumeur après un scanner des artères coronaires, alors que le risque est de 1 sur 8100 après un scanner cérébral. «Ce sont des projections, des hypothèses, mais il n'y a pas de données épidémiologiques concernant les cancers induits par des scanners», tempère le responsable de la radioprotection à la Société française de radiologie. Le chef du service de radiologie à l'hôpital Pompidou (Paris), est même très critique sur les chiffres avancés, la méthodologie de ces études étant selon lui très discutable. «Il faut mettre en balance le bénéfice potentiel d'un examen et ses risques en fonction de l'âge, de la pathologie», ajoute-t-il. In fine, c'est la question des bonnes indications qui est posée, en particulier chez l'enfant. L'Autorité de sûreté nucléaire et les radiologues mènent un travail de fond pour améliorer les pratiques : les indications ont ainsi été définies, ainsi que les conditions optimales de réalisation de ces examens. Les fabricants de matériel d'imagerie ont bien compris le problème et mettent au point des appareils de moins en moins irradiants.