La fuite souterraine de pétrole, qui a eu lieu en décembre 2008 dans le pipeline reliant la base pétrolière de Hassi Messaoud à Béjaïa via Beni Mansour (90 km de Béjaïa), n'en finit pas de provoquer des conséquences néfastes sur l'environnement, bien qu'elle ait été maîtrisée. Ainsi, les quantités de pétrole qui se sont déversées, continuent leur épanchement souterrain, pour «sourdre» lentement, à presque 1 km du lieu de la fuite, dans l'oued Amarigh. Avant d'arriver dans ce cours d'eau, 5 puits appartenant à des particuliers, ont été déjà contaminés. L'opération de nettoyage et de curage a duré des mois durant, sans que l'eau de ces puits ne retrouve enfin sa limpidité. Pour le moment, c'est l'oued Amarigh qui en pâtit le plus, eu égard aux quantités impressionnantes qui s'y sont déversées. Sur les lieux, nous avons constaté l'aménagement de 6 bassins de fortune, œuvre des agents d'intervention de Sonatrach, afin de «contenir» l'écoulement du pétrole. Une odeur très forte se dégage des lieux abandonnés, pourtant il s'agit bel et bien d'une catastrophe écologique patente. A des centaines de mètres en aval, dans le lit de cet oued, une odeur d'essence s'en dégage et des dépôts huileux sont aperçus sur les berges, ce qui veut dire que le pétrole s'est complètement dilué et déversé dans l'oued. Les travaux engagés par Sonatrach pour contenir l'écoulement du pétrole sont dérisoires, comparativement aux moyens dont elle dispose. Il est à craindre, par-dessus tout, l'infiltration de l'or noir de la nappe phréatique, car les forages de plusieurs municipalités se trouvent sur les berges de l'oued Sahel, soit à quelques kilomètres seulement en aval du lieu de la fuite. Dans un rapport d'expertise élaboré par un expert en environnement pour le propriétaire d'un puits pollué, il est écrit que 1 litre d'essence peut polluer entre 1000 et 5000 m3. Ce qui est l'équivalent de 2 à 10 réservoirs d'eau de 500 m3. Alors que les quantités de pétrole qui se sont déversées dans la nature seraient des centaines de mètres cube. Le même rapport explique qu'une eau polluée au pétrole mettra des mois, voire des années pour redevenir potable. C'est dire, à la lumière de ces données, la situation est grave, mais elle semble ne pas inquiéter outre mesure la population de Beni Mansour. Pour sa part l'APC de Boudjellil se dit dans l'incapacité de remédier à ce problème par manque de moyen, comme le dit le maire, Chekal Mohand Arezki : «Nous n'avons pas les moyens nécessaires pour régler ce genre de problème. Cependant, nous ne sommes pas restés les bras croisés, nous nous sommes déplacés sur les lieux et saisis toutes les parties concernées y compris Sonatrach, qui à mon sens, fait de son mieux.» Cette société a certes fait des efforts pour limiter les dégâts, mais le fait de laisser des volumes de pétrole à l'air libre sans le pomper, et de procéder à la déviation du courant d'eau par amoncellement du tout-venant, n'est certainement pas la solution idoine. Une forte crue pourrait emporter tous les dépôts de pétrole, pour les déverser dans tous les oueds en aval de l'oued Amarigh (oued Sahel, oued Soummam) ce qui présage d'une catastrophe écologique plus grave encore. Autre incurie et pas des moindres, les lieux ne sont malheureusement pas sécurisés. Ce qui a donné l'occasion à des enfants d'y roder, pour puiser le pétrole et jouer avec, sachant que ce produit est hautement toxique et cancérigène. Alors qu'est-ce qu'a fait concrètement Sonatrach ?