De loin, la ville de Médéa, distante de 82 km d'Alger, paraît jouir pleinement d'une harmonie faite pour inspirer le visiteur. Renaissant de ses cendres, la région de Médéa semble, à première vue, retrouver la sérénité légendaire qui a tant manqué aux siens dix années durant ! Vous l'aurez compris, il s'agit de la décennie du terrorisme durant laquelle cette région n'a fait parler d'elle-même qu'en langage de tueries et de massacres perpétrés par l'hydre intégriste. Elle était incontestablement l'un des fiefs les plus redoutés des groupes terroristes à telle enseigne que le nom de Médéa était intimement associé à cette sinistre définition de «Triangle de la mort» où figuraient aussi les deux régions de Khemis Miliana et Aïn Defla en proie, durant les années 90, à la terreur intégriste. Cette page de l'histoire est désormais définitivement tournée, et Médéa, comme toutes les autres régions du pays qui ont eu à subir les affres du terrorisme, relève la tête et prend son destin en mains pour mieux bâtir son avenir. Cela dit, ce qui constitue une caractéristique propre à Médéa n'est autre le fait que cette région semble complètement épargnée par la délinquance ou les fléaux relevant de la criminalité qui sont nombreux à gangrener nos villes, en particulier les grands mégapoles du pays telles Alger, Annaba et Oran. De ce point de vue, la gendarmerie, qui veille sur la sécurité de plus de 60% de la population évoluant en zone rurale, atteste d'un faible taux de criminalité ne charriant point d'incidences graves sur le vécu des citoyens. C'est du moins le constat du colonel Athmani Abdelhafid, commandant du groupement de la gendarmerie en poste à Médéa lors de la présentation du bilan des activités de l'institution qu'il dirige pour le compte de l'année 2009. «Une activité criminelle se limitant à des agressions émanant des conflits sur la propriété et auxquels il faudrait ajouter les cas de vols répétés de cheptel», fera savoir cet officier supérieur de la gendarmerie en guise de conclusion. De la violence dans les rapports entre la population Cela dit, avant d'en arriver à cette conclusion, il mettra l'accent sur les rapports de violence caractérisant les relations entre les habitants de Médéa. On comprend aisément par ses dires que les Médéens ont les nerfs à fleur de peau et qu'il suffit d'un simple différend, à fortiori lorsque celui-ci relève de la propriété, pour en arriver aux mains, voire à l'agression à coups de bâton. De ces cas relevant de la pratique délictuelle, le groupement de la gendarmerie de Médéa a eu à traiter quelque 163 affaires au courant de l'année 2009 qui sont toutes répertoriées dans la rubrique des coups et blessures volontaires par arme blanche. Traitement à l'issue duquel plus de 260 individus ont été arrêtés et près d'une trentaine écroués. A cela s'ajoutent les coups et blessures volontaires à mains nues. Dans ce cadre, les gendarmes de Médéa ont recensé 72 affaires pour la même année 2009 qui ont abouti à l'arrestation de 143 personnes dont 16 ont été mises derrière les barreaux. Le colonel Athmani, premier responsable de la gendarmerie à Médéa, dira que les Médéens font preuve d'un tempérament violent. Il parle même d'atteinte à l'ordre public dans certaines régions de la wilaya à chaque fois qu'il est procédé à la distribution des logements sociaux. Idem lorsqu'il s'agit de rencontres de football disputées par l'OM de Médéa. Vols d'ovins : un fléau qui inquiète C'est sans doute le fléau qui sévit le plus dans la région de Médéa. Du coup, le vol du cheptel est au centre des préoccupations des services de sécurité en poste à Médéa, en particulier des éléments de la gendarmerie dont la zone de compétence est le milieu rural. Dans ce cadre, ce sont pas moins d'une dizaine de réseaux «excellant» dans le vol des ovins qui, selon le colonel Athmani, ont été démantelés, et mis hors d'état de nuire au courant de l'année 2009. Le dernier démantèlement du genre date de jeudi dernier lors d'une opération coup-de-poing actionnée sous les ordres du même officier supérieur de la gendarmerie. Au total, et dans le cadre de la lutte contre ce fléau menaçant sérieusement les éleveurs de la région, ce sont pas moins d'une cinquantaine de personnes qui ont été arrêtées dont plus de la moitié (29) a été mise derrière les barreaux. Le colonel Athmani explique encore que ce fléau atteint des proportions alarmantes, notamment la veille des fêtes religieuses telles que l'Aïd El Kebir. Ceci pour la simple et bonne raison, a-t-il argué, que les voleurs d'ovins peuvent facilement écouler leurs marchandises au niveau des wilayas limitrophes ou dans les marchés locaux de bétails. La gent féminine est portée sur la délinquance ! «C'est anormal», tonne d'emblée le premier responsable de la gendarmerie à Médéa. Le colonel Athmani soutient, en effet, qu'il est vraiment singulier comme situation que plus d'une quarantaine de femmes soient impliquées dans diverses affaires criminelles, notamment des affaires d'atteinte aux bonnes mœurs. Et pour cause, le même intervenant met en avant le caractère plutôt conservateur de la région. «Certaines femmes arrêtées l'ont même été pour le motif de coups et blessures avec arme blanches», fait savoir le colonel Athmani. Au total, ce sont quelque 1890 personnes (41 femmes incluses) qui ont été appréhendées par les gendarmes de Médéa au courant de l'année écoulée. Le colonel Athmani se réjouit par ailleurs que la drogue n'est pas commercialisée sur son térritoire de compétence et que la cinquantaine d'individus arrêtés dans le cadre de la lutte contre ce fléau l'on été tous pour le motif de consommation. Une quantité de 20 kg de kif traités a été saisie par la gendarmerie au courant de l'année 2009