Ils étaient quatre sélectionneurs locaux à avoir entamé la CAN. Trois d'entre eux sont présents dans le dernier carré. Rabah Saâdane, Hassan Shehata, Shaibu Amodu, respectivement coaches de l'Algérie, de l'Egypte et du Nigeria, ont battu en brèche la théorie qui dit qu'une sélection africaine doit être confiée à un technicien étranger pour réussir. Algérie : Saâdane, le porte-bonheur des Verts Après avoir réussi à qualifier l'Algérie à la phase finale de la Coupe du monde pour la première fois depuis 24 ans, le cheikh Saâdane a réalisé une autre grande performance, celle d'offrir aux Verts une inattendue place en demi-finale après absence de vingt ans dans le dernier carré. En s'appuyant sur un effectif jeune, encadré par des joueurs expérimentés tels Saïfi, Mansouri, Ziani et autre Belhadj, le sélectionneur national a brûlé les étapes pour composer un onze performant qui a réussi un authentique exploit en éliminant contre toute attente le grand favori du tournoi, en l'occurrence la Côte d'Ivoire, dans un quart de finale riche en rebondissements (3-2). Pourtant, lorsque l'Algérie s'est fait humiliée lors du premier match du groupe A face à la modeste équipe du Malawi (3-0), Saâdane a dû essuyer les critiques les plus acerbes, jusqu'à menacer son avenir à la tête de la sélection. Mais ses changements tactiques lors du deuxième match face au Mali qu'il a réussi à dominer par la plus petite des marges ont donné du sang neuf aux camarades de Ziani qui ont dû imposer le nul au pays organisateur (0-0) pour arracher leur billet qualification au deuxième et réaliser la plus grosse sensation de la CAN. A 66 ans, Rabah Saâdane reste le porte-bonheur de la sélection algérienne. Egypte : Hassan Shehata confirme Malgré l'amère élimination en Coupe du monde, Hassan Shehata et l'Egypte sont revenus en force sur le devant de la scène, comme le témoigne leur parcours durant la CAN. Tenants du titre, les Pharaons ont entamé le tournoi tambour battant en donnant une leçon de football au Nigeria (3-1). Pourtant, Hassan Shehata a dû se passer durant cette Can de plusieurs des cadres de l'équipe, tels Abou Trika, Amrou Zaki et autre Barakat. Mais sa machine tenait toujours bon. En disposant facilement du Mozambique et du Bénin sur le score de 2 buts à 0, les coéquipiers du capitaine Ahmed Hassan ont réalisé un parcours sans faute, en étant même la meilleure attaque et la meilleure défense du premier tour. En dépit du fait qu'il a hérité aux quarts de finale du Cameroun qui était décidé a prendre sa revanche de la finale de 2008, Shehata a réussi à dompter une fois de plus les Lions indomptables et à caresser le rêve fou de remporter son troisième sacre consécutif. Shaibu Amodu tient bon Shaibu Amodu n'est sans aucun doute pas le meilleur sélectionneur de la CAN ni le plus médiatisé, mais beaucoup disent qu'il est le plus chanceux. Celui qui a qualifié «miraculeusement» les Super Eagles à la phase finale de la Coupe du monde ne donnait pas l'impression de maîtriser son sujet après un début de tournoi des plus difficiles lorsque son équipe s'est fait battre par le tentant du titre égyptien (3-1). Malgré une victoire face au Bénin (1-0) suivie par une autre face au Mozambique (3-0), les coéquipiers de Obinna n'ont pas réussi à justifier leur statut de mondialistes. Leur prestation en quarts de finale face à la Zambie était loin d'être rassurante puisqu'ils ont dû leur salut qu'à un seul arrêt de leur gardien de but pour se qualifier aux tirs au but. Toutefois, les Super Eagles d'Amodu ont prouvé qu'ils restent une équipe pleine de volonté. Tunisie : Benzarti, l'exception qui confirme la règle Il est le seul parmi les quatre sélectionneurs locaux de la CAN à n'avoir pas réussi à franchir le deuxième tour. Lui, c'est Fawzi Benzarti, le controversé sélectionneur tunisien. Auteur avec les Aigles de Carthage de trois matches nuls dans le groupe de la mort, qui comprenait, outre la Tunisie, le Cameroun, la Zambie, et le Gabon, Benzarti a échoué dans sa mission de remettre l'équipe tunisienne sur rails, un mois seulement après avoir prit en main la sélection au lendemain de son élimination de la Coupe du monde. Pourtant, la Tunisie n'a pas été ridicule durant son tournoi en Angola, laissant même filer une qualification qui lui semblait acquise face au Cameroun lors du dernier match du groupe. Les coéquipiers de Derradji se faisaient rejoindre par deux fois au score face à des Lions indomptables, pourtant prenables, aux yeux de tous les observateurs. Malgré cette désillusion, la fédération tunisienne a décidé de maintenir Fawzi Benzarti dans son poste de sélectionneur pour les deux prochaines années, mettant fin aux rumeurs qui évoquaient son limogeage et l'arrivée du Français Elie Baup, actuellement sans club. Ghana : Milovan Rajevac s'en sort bien Lors de la dernière journée du groupe B de la CAN, le Ghana a décroché son billet pour les quarts de finale en battant difficilement le Burkina Faso (0-1). Grâce à un but d'André Ayew, les Black Stars ont pu terminer à la deuxième place derrière la Côte d'Ivoire. Leur entraîneur Milovan Rajevac était un homme soulagé, lui qui s'est lancé le pari difficile de disputer le tournoi avec un effectif rajeuni. Malgré un premier match catastrophique contre la Côte d'Ivoire (3-1), Rajevac a non seulement conduit son équipe au deuxième tour, mais a réussi»l'exploit» de piéger le pays organisateur aux quarts de finale (0-1). En mettant en place un dispositif tactique fiable, il a réussi à avoir le dernier mot sur le sélectionneur de l'Angola, José Manuel, mettant ainsi fin aux critiques acerbes dont il a fait l'objet de la part de la presse ghanéenne. Angola : José Manuel le malchanceux Eliminée par le Ghana en quarts de finale de «sa» CAN (0-1), l'Angola a toutefois égalé sa meilleure performance dans cette compétition. Pourtant, le sélectionneur des Palancas negras, José Manuel, a exprimé des regrets suite à l'élimination de son équipe. «Nous avons mieux joué que le Ghana mais le football est imprévisible. Nous avons été malchanceux et le Ghana a été plus chanceux que nous, a déclaré José Manuel sur le site de la CAF dimanche. Je remercie nos supporters pour leur formidable soutien durant tout le tournoi. Nous espérions aller le plus loin possible pour eux, mais c'est triste que l'aventure se soit terminée ici pour nous», a déclaré le Portugais. L'ancien entraîneur du Ahly du Caire a effectivement joué de malchance dans une CAN où il n'a confirmé son rang de favori que durant… 79 minutes de son premier match du groupe face au Mali en marquant quatre buts. Mais le renversement de situation incroyable des Eperviers, qui ont pu égaliser à la toute dernière seconde du match, a fait douter les Palancas negras qui, en dépit d'une qualification sans panache pour les quarts de finale, ont été sortis par les Black Stars, mettant ainsi fin au rêve du pays organisateur de remporter son premier sacre continental.