Le coordonnateur national du renseignement installé à l'Elysée, l'ambassadeur Bernard Bajolet, ne fait que très peu de déclarations publiques. Cette rareté donne du poids à chacune d'entre elles, et celle qu'il vient de faire le 27 janvier à l'Assemblée nationale, disponible sur le site de la commission de la défense, est éclairante quant aux priorités qui sont actuellement celles de la communauté française du renseignement. On note tout d'abord que l'accent est actuellement mis sur les hommes, la volonté de Nicolas Sarkozy étant notamment que ceux-ci puissent circuler entre les différents services. Un cadre général a été proposé par le conseiller d'État Bernard Pécheur, et Bajolet entend désormais «faciliter la mobilité entre les différents services et donner plus de souplesse dans le recrutement de contractuels de haut niveau». Concernant la formation, ou plus exactement la mise en œuvre d'une culture commune aux cadres des différents services, la création d'une «académie du renseignement» se dessine, avec une première session dont «le contenu, la forme juridique et les moyens humains et budgétaires» seront définis par une «mission de préfiguration dirigée par un spécialiste de l'ingénierie de la formation». La lettre confidentielle Intelligence on Line croit savoir qu'il s'agirait de Lucile Dromer-North, directrice adjointe de la formation permanente à l'Ecole nationale d'administration (ENA). Stratégie Bernard Bajolet souligne que les relations entre la DGSE, les services secrets et la DCRI, le renseignement intérieur, se sont intensifiées par la mise en place de cadres chargés d'échanger les informations sur le terrorisme dont disposait chaque service : «Ensuite, le dialogue a bien fonctionné et les officiers de liaison sont devenus des conseillers. J'ai veillé en particulier à ce que chacun d'entre eux, dans le service où il était affecté, ait accès à l'ensemble des informations disponibles.» Bernard Bajolet note que la nomination de Patrick Calvar, ancien responsable du renseignement intérieur, comme directeur du renseignement de la DGSE, est «particulièrement significative». Il appelle de ses vœux une intégration à la DCRI de la partie des ex-Renseignements généraux qui a rejoint le SDIG (sous-direction de l'information générale) : «Mon sentiment, un an et demi après la création de la DCRI, est que nous avons besoin d'une plus grande visibilité en amont. Le rôle des services dédiés à l'information générale fait actuellement l'objet d'une réflexion et d'un audit au sein du ministère de l'Intérieur pour accroître l'efficacité de notre dispositif.» Bernard Bajolet rappelle enfin que huit otages français (un au Mali, quatre au Soudan, un en Somalie et deux en Afghanistan) sont actuellement aux mains de différents groupes de ravisseurs et «mobilisent des moyens conséquents, notamment de la DGSE. Leur gestion simultanée représente un énorme effort. Certains sont précisément localisés ; pour d'autres, cela se révèle plus difficile. Des contacts sont établis pour certains d'entre eux. Il y a de bonnes raisons de penser que les huit sont vivants».