Dans un langage non moins critique à l'égard de l'écho médiatique qu'a eu la dernière visite officielle qu'a effectuée Nicolas Sarkozy en Algérie au mois de décembre dernier, l'ambassadeur français à Alger, Bernard Bajolet, vient de dresser un tableau relativement positif des relations bilatérales entre Alger et Paris.Dans une correspondance qu'il a réservée au quotidien "Tout sur l'Algérie", l'ambassadeur français rejette d'emblée le qualificatif de "froideur" qui a souvent été imputé aux relations entre les deux pays. "Je ne pense pas que l'on puisse dire qu'il s'agit d'une coquille vide. C'est même une contre-vérité", lit-on dans la missive de Bajolet tout en y ajoutant, au sujet de la visite de Sarkozy que celle-ci "a donné un nouvel élan à nos relations bilatérales". Sur sa lancée, le représentant diplomatique énumérera les différents secteurs d'activité dont la France et l'Algérie viennent de signer des accords de partenariat, à l'image de celui ayant trait à la coopération dans le domaine nucléaire civil, la coopération dans le domaine gazier et pétrolier et autres accords pour le renforcement des échanges commerciaux entre les deux pays. La lettre de l'ambassadeur, faut-il le noter, en tout cas, intervient sous forme d'"une mise au point" quant commentaires et autres informations ayant circulé ces dernières semaines et faisant état du "gel" des relations entre Alger et Paris. Certes, la coopération entre les deux pays n'est pas aussi critique pour parler du gel, mais, il reste que l'optimisme dont fait preuve l'ambassadeur dans sa lettre est loin de refléter la réalité. En effet, si l'on se réfère au domaine exclusivement économique, nul ne peut ignorer qu'en matière d'IDE (investissements étrangers directs), les entreprises françaises demeurent à la traîne et n'arrivent pas à dépasser le stade des intentions et des prospections avec une hésitation caractérisée quant à leur engagement réel et effectif sur le marché national. Cet état de fait, rappelle-t-on, vient d'être clairement illustré par le constructeur automobile hexagonal, Renault, qui a choisi le territoire marocain pour installer sa première unité de production maghrébine en dépit de tous les avantages et facilitations qu'offre l'économie nationale. Dès lors, il est difficile de qualifier les relations algéro-françaises d'idéales. Certes, des avancées relatives ont été enregistrées dans ce domaine mais beaucoup reste à faire pour atteindre le niveau acceptable, et ce, nonobstant le discours euphorique et optimiste de Bernard Bajolet. Sur un autre volet, l'ambassadeur français évoquera le passé colonial de la France en Algérie avec tout le lot des atrocités infligées au peuple algérien durant toute l'époque de colonisation. A cet égard, le représentant diplomatique de l'Hexagone en Algérie défend avec ferveur la démarche que locataire de l'Elysée a empruntée dans ce sens. L'ambassadeur se réfère, à ce sujet, aux déclarations du président Sarkozy lors des deux discours qu'il a donnés à Alger et à Constantine au début du mois de décembre dernier. Il suffit de se référer aux "déclarations faites par le Président Sarkozy tout au long de sa visite, dans les trois discours qu'il a prononcés et notamment à Constantine, déclarations sans précédent dans lesquels il a condamné le système colonial sans aucune ambiguïté". Néanmoins, l'ambassadeur omet de rappeler que la France officielle continue de faire la sourde oreille sur le pardon officiel et public revendiqué par l'opinion algérienne quant "aux crimes coloniaux".