Dix-sept immeubles, tous situés dans la rue Larbi Ben M'hidi, à Alger-Centre, sont retenus par la direction de l'aménagement et de la restructuration des quartiers (DARQ) dans un programme de réhabilitation de structures. Ce plan entre dans le cadre de la stratégie tracée visant la remise en état du vieux bâti suivant l'étude de diagnostic lancée en 2006, dans sept communes, dont Alger-Centre. A cause des risques de cela fait peser sur la vie des habitants, afin de préserver l'image de marque de la première ville du pays, la réhabilitation du vieux bâti du centre-ville de la capitale demeure au cœur des préoccupations actuelles de la wilaya. Cette semaine, la DARQ a en effet lancé un projet des plus ambitieux : il s'agit, dans un premier temps, de la réhabilitation de 17 immeubles de la rue Larbi Ben'Mhidi, une des avenues qui représentent au mieux la vitrine d'Alger. Dans un communiqué rendu public, la DARQ précise que les immeubles retenus dans cette première opération de réhabilitation sont les bâtiments n°11, 11 bis, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 26, 37, 39, 43, 45, 47, 47 bis, 49 et 51. La DARQ n'exige toutefois rien de particulier aux entreprises intéressées par la réalisation de ces travaux, sauf qu'elles doivent avoir «une qualification valide en bâtiment». Si tout va pour le mieux, les entreprises titulaires de ces projets seront connues le 21 février, à l'occasion d'une cérémonie qui sera organisée à ce propos au siège de la DARQ qui se trouve au quartier la Marine (Basse Casbah). L'état de santé du vieux bâti est connu Le lancement de ce programme vient après une étude technique du vieux bâti dans sept communes du centre-ville, comme cela a été annoncé par le wali Mohamed Kébir Addou, début 2009. Dans un entretien accordé au magazine El Djazaïr.com, M. Addou a déclaré qu'il était «indéniable que le centre d'Alger commençait à vieillir», sachant que la grande partie des constructions date de la fin du 19e siècle et du début du 20e. Selon lui, les inondations de Bab El Oued (10 octobre 2001), le séisme du 21 mai 2003, les effondrements sporadiques et les doléances récurrentes des occupants des immeubles ont conduit la wilaya, en 2006, à initier «une étude de diagnostic technique et sociologique» sur le parc logement des sept communes de l'hyper-centre. Les communes concernées par cette étude, a indiqué le wali, étaient Bab El Oued, Alger-Centre, Sidi M'hamed, Belouizdad, El Madania, Hussein Dey et El Harrach. «Cette étude, la première du genre depuis l'indépendance, fait ressortir que la situation du vieux bâti n'est pas aussi alarmante qu'on le dit souvent», a commenté M. Addou. Pourquoi ? Sur un total de 17 617 bâtisses répertoriées (englobant 78 446 logements), 1,47% sont classés comme immeubles menaçant ruine et près du tiers de cette catégorie a déjà été pris en charge (86 immeubles évacués sur les 259 diagnostiqués). L'étude a fait apparaître aussi que 12 685 bâtisses, soit 72% du parc diagnostiqué, «sont soit en bon état ou présentant des dégradations qui n'appellent pas d'intervention lourde». Par contre, 2678 immeubles englobant 11 672 logements «sont dans un état de dégradation nécessitant une réhabilitation». La dégradation du parc immobilier du cœur de la ville est due à plusieurs facteurs. A ce sujet, le wali a parlé de négligence : «Cet état de fait est le résultat d'un manque flagrant d'entretien et de maintenance et de l'absence avérée de toute forme de gestion, que ce soit des immeubles, propriété privée ou en copropriété : seuls 11% des immeubles sont organisés en comités d'immeubles ou en syndics et 4% disposent de conciergeries». Une fois l'étude terminée, la wilaya a pu disposer d'un véritable état de santé du bâti de la capitale. Les responsables locaux ont conclu à la nécessité de réhabiliter ces immeubles. «C'est ce que nous avons fait en mettant en œuvre une stratégie qui vise à s'attaquer à des espaces restreints pour enclencher un processus de réhabilitation de l'ensemble du centre historique. Pour ce faire, nous avons retenu deux types de projets à rénover : six grandes avenues parallèles à la mer (1er Novembre, Zighoud Youcef, Che Guevara, Didouche Mourad, Larbi Ben M'hidi et Malika Gaïd) et sept promenades qui vont des hauteurs de la ville pour déboucher sur la mer», a expliqué M. Addou. Cette stratégie a été mise en œuvre, pour la première fois, au niveau du boulevard 1er Novembre de la Basse Casbah. Les travaux de réhabilitation, maintenant terminés, ont commencé en février 2009. Actuellement, presque tous les bâtiments situés dans les environs immédiats de l'avenue ont fait l'objet de réhabilitation de façades. Les habitants invités à s'impliquer dans la réhabilitation Ces efforts de la wilaya nécessitent toutefois le concours des habitants. Ces derniers ont été invités à prendre en charge l'entretien de leurs immeubles afin d'éviter leur dégradation et leur effondrement. M. Addou a même promis de les aider : «La wilaya est disposée, par le biais du fonds de réhabilitation, à apporter une contribution financière à la reprise des parties communes des immeubles, selon les priorités sur la base des fiches d'identification établies pour chaque immeuble traité par le biais d'un système d'information géographique installé au niveau des sept communes concernées.» La principale condition exigée à la libération de ces financements, a-t-il nuancé, reste «l'organisation des occupants de ces bâtisses, en comités d'immeuble ou en syndics et à la participation financière des propriétaires». L'APC d'Alger-Centre n'est pas restée en marge de ce grand chantier. En novembre 2009, l'assemblée a décidé d'aider les résidents à hauteur de 50% du coût total du projet de réhabilitation, mais en posant les mêmes conditions formulées, à savoir la nécessité de s'organiser en comité d'immeuble.