Quand les horizons paraissent bouchés, et que l'emploi devient chiche, que reste-il à ces jeunes chômeurs, sinon prendre une pelle pour se rendre à l'oued Sahel afin de piller le sable. Ils sont des dizaines à remplir par pelletées les remorques de tracteurs, en contrepartie d'une somme allant de 1500 à 2500 da la remorque. La besogne est dure, mais l'oisiveté l'est encore davantage. Ces jeunes n'auraient pas le choix. L'oued leur procure un travail temporaire, le temps de trouver un autre moins laborieux et plus digne. Dans le lit de l'oued Sahel, les traces de leur pillage sont visibles. Les yeux ne croiraient pas qu'il s'agit d'un travail humain. En effet, des cratères géants se forment ici et là, des tranchées sur plusieurs dizaines de mètres sont visibles de loin. Toutefois, lorsque l'oued est en crue, ces pilleurs raccrochent leurs pelles en attendant que les eaux de l'oued s'assagissent. Une fois la décrue, toute la mosaïque de trous et de tranchées dessinée par ces jeunes est effacée par les défluviations de l'oued. Celui-ci charrie d'impressionnantes quantités de sable et de pierres, comme si de rien n'était. Et rebelote, le pillage recommence de plus belle. Cependant, les conséquences négatives les plus lourdes sont à mettre à l'actif des sablières, lesquelles creusent au moyen d'engins d'immenses cratères qui défigurent l'oued en induisant même le changement de son cours. Des alluvions se forment dans lesquels stagnent des eaux usées susceptibles de contaminer la nappe phréatique. Le sable qui agit tel un filtre contre les déchets liquide est pillé à outrance, ce qui constitue un autre danger pour la nappe phréatique.