Miles Marshal Lewis est écrivain et critique de musique. Il est l'hôte de l'Algérie où il a animé des conférences sur le hip-hop, sur l'histoire de la négritude, l'esclavagisme et la culture pop aux Etats-Unis, du 9 au 11 février, dans le cadre de la célébration du Black History Month (le mois de l'histoire des Noirs), au siège de l'ambassade des Etats-Unis et à l'université Kasdi Merbah, à Ouargla. Le Black History Month célèbre les luttes et les succès de millions de citoyens américains ainsi que leurs contributions à la vie culturelle et à l'histoire des Etats-Unis. En 1926, Carter G. Woodson, un Afro-américain né de parents esclaves a d'abord décidé d'instituer la Negro History Week (la semaine de l'histoire des Négros) afin d'attirer l'attention des américains sur la contribution des noirs à l'histoire de leur pays. Il a choisi la deuxième semaine de février pour la Negro History Week, car elle marque les anniversaires de deux hommes qui ont grandement influencé la population noire américaine : Frederick Douglass et Abraham Lincoln. Cette célébration a été ensuite élargie pour devenir le Black History Month en 1976. Ce critique revient, dans cet entretien accordé au Temps d'Algérie en marge de sa première conférence, sur la naissance du hip-hop, son évolution en passant par la revendication identitaire afro-américaine à un simple genre musical devenu l'expression d'une revendication purement sociale. Comment est né le hip-hop aux Etats-Unis ? La musique hip-hop a commencé avec trois DJ du Bronx, Afrika Bambata, Grand Master Flash et Kool Herk d'origine jamaïcaine. C'est dans les années 1970, plus précisément en 1973, que le hip-hop est né dans le parc du Bronx et dans les fêtes avec des rappeurs dont le premier était Cook Larock. C'est devenu ensuite une véritable culture puisqu'en plus de la musique et du texte, il y avait de la danse : le breakdancing, les tags (graffiti) et tout un univers. Justement le hip-hop n'est pas un prolongement du mouvement de négritude aux Etats-Unis... La revendication de l'identité africaine des origines de l'Afrique concerne tous les Noirs dans le monde. Par exemple, Afrika Bambata a pris ce nom, car il est en connexion avec l'Afrique et une intonation africaine. Il s'identifie à la communauté africaine des Zulunation (les Zoulous sont un peuple d'Afrique australe en partie sédentarisé; cette ethnie se trouve en Afrique du Sud. Son nom vient de l'expression «ama zoulou» qui signifie «le peuple du ciel»). Afrika Bambata s'est inspiré de la culture africaine comme la négritude dans la littérature. Elle s'en également inspirée des traditions, du terroir, de la spiritualité de l'Afrique. Le hip-hop est un mixage des cultures africaines. En quoi le voit-on ? Dans la danse par exemple, le breakdance sur UTube les figures sont celles des danses africaines exactement. C'est naturel, sans artifices. Pensez-vous en tant que critique que le hip-hop a évolué et mourra avec le temps comme certains genres musicaux ? Pour moi, le hip-hop est quelque chose d'immense et d'excellent, mais il y a déjà quelque chose de nouveau qui est en gestation avec la jeune génération des 30 et 35 ans. Quelque chose de différent va sûrement en sortir. Je ne sais pas encore mais sûrement propre à la nouvelle génération de Blacks. Pensez-vous que dans le contexte politique actuel aux Etats-Unis, la revendication sur l'identité afro-américaine est toujours d'actualité ? Pas vraiment aux Etat-Unis, actuellement je réside à Paris, mais quelque chose est en expansion en Angleterre, c'est juste un nouveau genre musical, Le gram. C'est comme le hip-hop, mais c'est un peu différent. C'est juste musical tandis que le hip-hop, à l'origine, est une musique à textes. Je pense que la musique ne répond plus à des préoccupations d'ordre politique ou revendicatives, mais juste des sons. Les différentes disciplines culturelles ne constituent plus un moyen de revendication politique ou identitaire. Des projets en vue dans les jours à venir ? Je prépare actuellement une thèse sur les évènements des banlieues françaises de 2005 puisque ma femme est française de Martinique, et nous résidons actuellement à Paris. Cette thèse est en relation avec les Blacks de France et leur vie dans les banlieues. C'est un livre autobiographique sur ma vie en France. C'est aussi un livre qui permettra aux Américains de découvrir la communauté black de France, car ils ne savent rien de cette communauté et de ses revendications.