Le foot mène en taule. Les Vert s font faire des bêtises. La défaite sert mal les familles. Un jeune, déçu par la victoire des Pharaons sur les Verts, s'en est pris à son aîné de cousin lequel l'avait taquiné sérieusement : des coups, un certificat médical de seize jours. Le jeune passe à la barre. Il a bien fallu laisser passer l'orage avant de les entendre. Les sept témoins, tous de la même famille, ont tous déploré la situation et surtout les mots blessants prononcés de part et d'autre. La présidente n'a pas voulu jeter de l'huile sur le feu. Elle condamne l'agresseur, mais à une peine assortie de sursis. A l'issue de la défaite des Verts au Caire (2-0), Mohamed Hocine, 21 ans, est déçu. Son cousin, Brahim Hocine, 57 ans, retraité, a commencé par le taquiner. «Suicide-toi. A deux minutes de la fin, les Fennecs ont lâché prise.» Mohamed voit rouge et se jette sur son aîné. C'est une rixe qui n'allait s'arrêter que lorsque des voisins s'en sont mêlés. Puis la victime de coups et blessures volontaires se dirigea vers l'hôpital où elle a été longuement examinée. Vingt et un jours d'arrêt de travail. C'est la plainte. La présentation du cadet des Hocine. La convocation de sept témoins, dont la moitié porte le même patronyme, avait été bien confectionnée, ce qui allait faciliter la tâche de Nadia Mamèche, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Boufarik (cour de Blida), la salle est bondée. Beaucoup de proches... Les deux cousins incriminés sont encore sous le coup du drame qui a failli dégénérer et s'étaler à toute la famille, surtout que l'agresseur était plus jeune. Le cousin victime de coups et blessures volontaires, ayant une fois et demi l'âge de l'inculpé-détenu, car à Boufarik, le parquet ne s'amuse pas avec ce délit de coups et blessures volontaires. - «Alors que s'est-il passé entre vous deux pour en arriver ici ?» demande, comme pour signifier aux deux antagonistes que les débats à la barre sont capitaux et que tout ce qui allait être débité allait compter, et pas pour du beurre. Mohamed Hocine dit avoir été blessé par la défaite 0-2 face aux Egyptiens, et que la veille déjà il n'avait pas supporté l'agression de nos joueurs et autres membres de la délégation. - «Et puis madame la présidente, mon cousin se fichait des couleurs nationales, de Saâdane et des joueurs, notre seule fierté, nous qui, à Ouled Slama, vivons dans un affreux quotidien. Il m'a dit : ‘'Crève ! Suicide-toi ! Cheh.'' J'ai vu rouge et je ne sais plus ce qui m'a alors pris et j'ai frappé, frappé, tout en recevant moi aussi de gros coups, des coups qui n'étaient rien à côté du 0-2 encaissé dans les conditions que le monde entier connaît.» Mamèche comprend vite la situation, elle invite la victime qui va alors confirmer la version du cousin agresseur et même les sept témoins entonneront le même refrain. Sobrement, Abderahim Kouchih, le procureur, réclame six mois de prison ferme sur la base de l'article 254 (loi n° 06-23 du 20 décembre 2006). Mohamed Hocine, en guise de dernier mot, dit ses regrets, et va même au-delà en se félicitant de la victoire des Verts le 18 novembre 2009, à Khartoum. Mamèche va lui infliger un bon sursis. C'était assez puni.